
La mission conjointe Cedeao-Unowas déployée en Guinée-Bissau a dû quitter le pays précipitamment dans la nuit du 1er mars suite aux menaces d’expulsion du Président Umaro Sissoco Embaló, alors même qu’un projet d’accord sur les élections de 2025 était en cours de finalisation.
La mission de la Cedeao avait été éployée en Guinée-Bissau pour aider à résoudre le conflit né à cause de la non tenue de l’élection présidentielle. L’équipe avait été envoyée pour aider à atteindre un consensus politique sur la manière d’organiser les élections cette année.
En effet, les élections générales en Guinée-Bissau étaient prévues pour novembre dernier, mais le Président Umaro Sissoco Embalo les a reportées. Il a depuis annoncé que la nouvelle date serait le 30 novembre de cette année.
L’opposition s’est opposée à ce report et a déclaré que le mandat d’Embalo a déjà expiré, bien qu’un arrêt de la Cour suprême a récemment prolongé son mandat jusqu’en septembre.
Dans un communiqué publié dimanche, la Cedeao a indiqué que son équipe avait rencontré le Président Embalo, d’autres hommes politiques et des groupes de la société civile pour tenter de parvenir à un consensus sur la date des élections.
La Cedeao a souligné que son équipe, en collaboration avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (Unowas), avait été déployée dans le pays du 21 au 28 février. Elle avait préparé un projet d’accord sur une feuille de route pour des élections en 2025 et avait commencé à le présenter aux parties prenantes pour obtenir leur accord.
L’équipe a cependant dû quitter Bissau le 1er mars, suite aux menaces du Président Umaro Sissoco Embalo de les expulser, selon le communiqué publié à l’issue de cette mission.
M. Embalo a été élu pour un mandat de cinq ans en décembre 2019 et l’impasse sur la date des élections à la fin de son mandat a exacerbé les tensions dans son pays qui a connu plusieurs coups d’État militaires depuis son indépendance en 1974.
Lui-même a connu des tentatives de coups d’Etat contre son régime dont la dernière a eu lieu en décembre 2023.
L’expulsion de la mission de la Cedeao intervient dans un contexte particulièrement sensible. Le 23 février, en pleine présence de la mission internationale, le président Embaló avait unilatéralement fixé l’élection présidentielle au 30 novembre 2025, affirmant son intention de rester au pouvoir jusqu’à l’investiture de son successeur. Cette position contredit celle de l’opposition qui réclamait son départ dès le 27 février 2025, date anniversaire de son investiture, tandis que la Cour suprême a établi la fin de son mandat au 4 septembre.
Après le départ précipité de la mission de la Cedeao sous ses menaces, le président Umaro Sissoco Embalo qui ne veut pas quitter le pouvoir comme le lui demande l’opposition, a annoncé, le lundi dernier qu’il était candidat à sa succession.
« Je serai candidat, cela ne fait l’ombre d’aucun doute et je vais gagner dès le premier tour », a-t-il déclaré à des journalistes. Il a en outre affirmé avoir lui-même donné l’ordre d’expulser la mission de la Cedeao, ajoutant que « la Guinée-Bissau n’est pas une République bananière ».
A. Sanogo