Maintien des pays de l’AES dans la Cedeao : Mission de la dernière chance pour Faure Gnassingbé et Bassirou Diomaye Faye

Dans un communiqué conjoint en date du 28 janvier dernier, le Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cedeao. Lors de leur dernière session tenue le 15 décembre dernier à Abuja, les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale ont statué sur cette décision de retrait. Ils ont prolongé le mandat du président togolais Faure Gnassingbé et de son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye pour poursuivre leur médiation afin de faire revenir les trois Etas dans la Cedeao.

Dans le communiqué conjoint qu’ils ont rendu public le 28 janvier dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont indiqué qu’après 49 ans d’existence, les peuples des trois pays constatent avec une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme. Ils soutiennent que l’organisation n’a pas porté assistance aux trois Etats dans le cadre de la lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité. Et lorsque ces pays ont décidé de prendre leur destin en main, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes.  C’est face à cette situation que les chefs d’Etat du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont décidé du retrait de leurs pays de la Cedeao.

Cette décision était prévisible. Car après le coup d’Etat du 18 août 2020, la Cedeao avait pris des sanctions très sévères contre le Mali. Ce fut le cas pour le Burkina et pire contre le Niger. Pour le cas du Niger, après le coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, l’organisation sous-régionale a imposé de lourdes sanctions contre ce pays. Elle a même donné un ultimatum d’une semaine et brandi la menace d’une intervention militaire pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions.

Cette menace n’a pas laissé le Mali et le Burkina indifférents. Ils ont exprimé leur solidarité au peuple du Niger. Les deux pays ont même averti que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre eux. Ils ont aussi prévenu que toute intervention militaire au Niger entrainerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cedeao ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux Forces armées et au peuple du Niger. Par la suite, les trois Etats qui traversent les mêmes défis sécuritaires ont renforcé leurs liens à travers la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Dans le cadre de cette Alliance devenue Confédération, ils sont en train de travailler sur tous les aspects : défense, sécurité, économie, commerce, diplomatie, libre circulation des personnes et des biens, monnaie, transport, etc.

Faire revenir les trois Etats

Au cours de leur dernière session tenue le 15 décembre dernier à Abuja, les chefs d’Etat de la Cedeao ont statué sur la décision de retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

La conférence des chefs d’Etat a rappelé la notification de leur décision de retrait et a déclaré que conformément au dispositions de l’article 91 du traité révisé de 1993, les trois pays cesseront officiellement d’être membres de la Cedeao à partir du 29 janvier 2025. Toutefois, les chefs d’Etat ont décidé de fixer la période du 29 janvier au 29 juillet 2025 comme période de transition au cours de laquelle, les portes de la Cedeao resteront ouvertes aux trois pays.

A cet égard, ils ont décidé de prolonger le mandat du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé et de son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye pour poursuivre leur médiation jusqu’à la fin de la période de transition en vue du retour des trois pays.

Un des atouts majeurs de cette mission de médiation est l’implication du président togolais Faure Gnassingbé devenu au fil des années, une personnalité incontournable dans la gestion des crises dans la sous-région. Il est devenu au fil des ans, un dirigeant qui joue un rôle clé dans les relations entre les États en Afrique de l’Ouest à travers son très discret ministre des Affaires étrangères Robert Dussey. Il est toujours sollicité pour régler les conflits ou mésententes qui surviennent entre les Etats. Ce fut le cas dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens où sa médiation a permis leur libération. Condamnés par la justice malienne, ils avaient finalement été graciés par le président de la transition avant d’être libérés.

A. Sanogo