
Les autorités maliennes ont décidé de s’intéresser de plus près à la question de l’exploitation illégale des ressources du sous-sol malien par des ressortissants chinois. Le Premier ministre, Général de division Abdoulaye Maïga a en effet convié le 25 mars dernier, l’ambassadeur de Chine au Mali, Chen Zhihong à une séance de travail à la Primature. Ont pris part à cette réunion, les ministres en charge des Affaires étrangères, de la Sécurité, des Mines, de l’Environnement, des Réformes politiques, ainsi que les secrétaires généraux des ministères chargés de l’Administration territoriale et de la Justice.
L’objectif de cette rencontre était de discuter des exploitations illégales des ressources minières par des ressortissants chinois, une question relevant de la sécurité nationale.
Le Chef du gouvernement a d’abord rappelé le caractère stratégique du partenariat entre le Mali et la Chine, impulsé par leurs Chefs d’État et a félicité l’ambassadeur pour son soutien diplomatique. Cependant, il a exprimé ses préoccupations concernant l’implication de plusieurs ressortissants chinois dans l’exploitation illégale de l’or au Mali entre 2021 et 2025, entraînant de graves conséquences sur l’environnement et les populations locales. Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a insisté sur l’arrêt immédiat de toute activité illégale menée par des sociétés ou ressortissants chinois ne respectant pas les normes en vigueur. Il a souligné la nécessité, avant tout investissement, de prendre contact avec les départements compétents afin d’éviter toute irrégularité.
Pour sa part, l’ambassadeur de Chine a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir les réformes du Mali contre l’exploitation illégale, tout en suggérant la mise en place d’un système de coordination entre l’ambassade de Chine et les ministères concernés, afin de garantir le respect des réglementations grâce au partage d’informations en temps opportun.
A noter qu’à plusieurs reprises, les services du ministère des Mines et des Eaux et Forêts ont démantelé des sites miniers illégaux, interpellé les occupants et saisi leurs matériels. Malgré cela, ces pratiques se poursuivent.
A titre d’exemple, le samedi 2 septembre 2023, une opération de lutte contre l’orpaillage illégal a permis le démantèlement d’un site à Banankoro (Kangaba). 4 orpailleurs clandestins avaient été arrêtés, 2 pickups et 3 pelleteuses saisies par la brigade du haut fonctionnaire de défense au niveau du ministère des Mines, le Colonel-major Nicolas Cissé. Auparavant, le 15 août de la même année, une autre descente dans la forêt s’était soldée par la fermeture de 3 mines illégales à Kéniéba avec un bilan de 6 orpailleurs clandestins tous des étrangers interpellés, un pick-up et 7 pelleteuses saisis.
Dans le même cadre de la lutte contre l’exploitation illégale des ressources minières, la brigade du ministère des Mines a effectué plusieurs opérations de janvier à mai 2023 dans les cercles de Kéniéba, Kangaba et Bougouni où cette pratique est monnaie courante surtout de la part de ressortissants asiatiques. Cette brigade a découvert dans les zones d’orpaillage, de nombreux sites installés en illégalité jusque dans les lits des cours d’eau. Les matériels et équipements utilisés par ces exploitants illégaux étaient composés de pelleteuses, de chargeurs, de camions bennes, de systèmes utilisant des produits toxiques et nuisibles à la santé dans le cadre du traitement des minerais. De la période allant de janvier à mai 2023, la brigade du Colonel-major Nicolas Cissé avait démantelé un total de 14 sites d’exploitation frauduleuse. 50 exploitants illégaux tous de nationalité étrangère avaient étés interpellés et mis à la disposition de la justice. En termes d’équipements, 47 pelleteuses, 13 véhicules pickups, un porte-char, une citerne de 60.000 litres, 14 motos-pompes et 6 groupes électrogènes de grande puissance avaient été saisis et remis à la justice.
A. Diarra