
Le conseil des ministres du mercredi 11 juin dernier a adopté un projet de loi portant révision de la Charte de la Transition. Selon le communiqué du conseil des ministres, les Assises nationales de la refondation, tenues du 27 au 30 décembre 2021, ont formulé 517 recommandations devant conduire à une refondation totale de l’Etat et surtout à la construction d’une nouvelle vision politique, demandée par le peuple malien. Il s’agit de mener des réformes politiques et institutionnelles prioritaires, avant d’organiser des élections. D’après le document, la mise en œuvre de ces recommandations a permis, entre autres, l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum le 18 juin 2023 et promulguée le 22 juillet 2023 par le Président de la Transition.
« Depuis la rectification de la Transition et la lutte pour une souveraineté pleine, voulue par le peuple, le Mali est confronté à des défis dont certains sont soutenus par des sponsors étrangers. En plus des efforts nationaux, le Mali a créé avec les pays frères du Burkina Faso et du Niger, confrontés aux mêmes difficultés, la Confédération des Etats du Sahel, le 06 juillet 2024…. », a souligné le communiqué, qui soutient que « malgré l’adoption d’une nouvelle Constitution, le contrôle de l’ensemble du territoire par les Forces armées et de sécurité, ainsi que les résultats obtenus dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le Mali et les autres pays de l’AES sont toujours confrontés à la menace de la déstabilisation internationale et l’atteinte aux intérêts vitaux des populations ».
Ainsi, se pose au Mali, à l’instar des autres pays de l’AES, « la question cruciale de la nécessité de poursuivre la Transition pour parvenir à la pacification totale de nos Etats », ajoute le communiqué, précisant que « le projet de loi adopté, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des concertations des Forces vives de la Nation et des Maliens établis à l’extérieur pour répondre aux attentes légitimes du peuple malien, notamment la révision de la Charte de la Transition en accordant au Chef de l’Etat, un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025, à l’instar de ses pairs de la Confédération AES ».
Cette décision du gouvernement n’a pas laissé l’ancien Premier ministre Moussa Mara indiffèrent.
« Enorme crainte pour l’avenir immédiat de notre pays suite à la décision prise en conseil des ministres le mercredi 11 juin de proroger la transition pour une durée de cinq ans, qui plus est renouvelable », a réagi l’ancien chef du gouvernement. Selon Moussa Mara, « au-delà des aspects légaux plus que contestables, c’est surtout le signal lancé par nos autorités qui inquiète ». Il dira qu’à un moment de profonde crise économique qui paupérise des pans entiers de la société, la nouvelle d’une transition interminable présente aux Maliens la perspective d’une souffrance sans fin.
Ensuite, M. Mara soutient que le contexte sécuritaire préoccupant crée des doutes sur la voie de lutte poursuivie jusque-là. De même, il pense que la persistance des autorités dans la même direction maintient une réelle incertitude sur la probabilité de voir le pays en paix et en sécurité à court et moyen termes.
« La situation sociopolitique tendue par la dissolution des partis, l’interdiction de toute activité politique et les menaces permanentes contre toute expression d’opinion, crée de profondes frustrations qui ne peuvent qu’être exacerbées par cette décision synonyme d’abandon de toutes perspectives démocratiques pour notre pays », a indiqué Moussa Mara, pour qui, « le cocktail ainsi créé constitue une menace pour l’Etat, la société et la Nation qui court ainsi un grand danger de dislocation », a prévenu l’ancien Premier ministre, qui demande aux autorités de revoir leur position eu égard au principe qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
A. Sanogo