Pour l’ancien ministre, affirmer que la situation sociopolitique au Mali est très difficile serait à la fois une lapalissade et un euphémisme tant les menaces, les agressions, les difficultés, les défis sont nombreux. Selon Me Mountaga Tall, la Transition a le choix entre une voie sans issue et la voie de la concorde nationale, du salut pour tout un peuple.
D’après lui, la voie du salut est un changement total de paradigme qui pourrait s’adosser à douze mesures qu’il propose. Il s’agit de renoncer purement et simplement au « mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025 à l’instar des pairs de la Confédération AES » et fixer concomitamment, de façon consensuelle et irrévocable une date de fin de la Transition assorti d’un chronogramme électoral, dans le respect de la Charte de la Transition, de la Constitution et des engagements pris devant le Peuple malien, libérer tous les prisonniers d’opinion, clôturer leurs dossiers judiciaires et mettre un terme définitif aux enlèvements et arrestations extra-judiciaires, œuvrer à réconcilier les Forces de défense et de sécurité avec elles-mêmes en réglant les cas des porteurs d’uniforme détenus pour des raisons autres qu’économiques ou de désertion, éviter toute forme d’amalgame entre les autorités étatiques qui exercent des fonctions politiques passagères et les Forces armées nationales (FAMa et Forces de défense et de sécurité), patrimoine national commun, pérenne, en lesquelles se reconnaissent chaque Malien, prendre des mesures concrètes et visibles contre la vie chère, les coupures de courant, le chômage notamment des jeunes et pour la réduction du train de vie de l’Etat, une justice égale pour tous, la redevabilité à tous les niveaux et une lutte implacable contre la corruption. Il s’agit également d’engager des négociations avec certains groupes armés dans le strict respect des principes démocratiques et républicains, de restaurer les partis politiques et œuvrer de façon consensuelle à leur rationalisation et à leur moralisation, de restaurer aussi les organisations de la société civile dissoutes après les corrections des lacunes constatées ou des fautes qui leur sont objectivement reprochées, de lever toutes les mesures attentatoires au libre exercice des libertés individuelles et collectives reconnues et protégées par la Constitution qui doit s’imposer à tous et en toute circonstance et rétablir l’aide publique à la presse. Me Mountaga Tall propose aussi de favoriser le retour des exilés qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires et de donner des garanties d’une justice impartiale à ceux qui sont poursuivis, de clôturer le dossier des victimes de la répression par une juste indemnisation et une prise en charge effective par l’Etat. Il propose en outre de normaliser les relations entre le Mali et ses voisins et tous les autres pays et organisations internationales dans le respect des trois principes édictés pour guider nos relations de coopération.
S. Traoré