
Après avoir été chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France a perdu le Tchad qui était le dernier bastion de la présence militaire française au Sahel. Le Sénégal et la Côte-d’Ivoire ont également demandé le départ des troupes françaises de leurs sols.
Le Tchad a en effet annoncé le 28 novembre dernier, sa décision de mettre fin aux accords de sécurité et de défense qui le liait à la France.
« Le Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a informé le ministère tchadien des Affaires étrangères à travers un communiqué officiel rendu public le jeudi 28 novembre.
A la suite de l’annonce de la rupture de la coopération militaire avec la France, le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno s’est adressé à ses compatriotes. Il a expliqué que cette rupture ne concerne que l’accord de coopération militaire dans sa configuration actuelle. Avant de souligner que cet accord avait été signé à une autre époque, avec d’autres acteurs de part et d’autre et dans un contexte tout aussi diffèrent. Mais au fil du temps, il est devenu complètement obsolète. Et ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques actuels, ni aux attentes légitimes des Tchadiens quant à la pleine expression de leur souveraineté. Le président Mahamat Idriss Deby Itno a également indiqué qu’il n’apporte aucune valeur ajoutée réelle sur le terrain militaire, où le Tchad fait face, seul, à des défis variés et sérieux notamment des attaques de dimension terroriste.
Tout comme le Tchad,le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé le mardi 31 décembre dernier, la fermeture de toutes les bases militaires étrangères au Sénégal au cours de cette année. Le 28 novembre, il avait annoncé que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal. « J’ai instruit le ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entres autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 »,avait déclaré Bassirou Diomaye Faye.
En Côte-d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a aussi a annoncé le retrait des forces françaises de leur base d’Abidjan, la 2ème en matière d’effectifs en Afrique, après Djibouti. C’était lors de son discours à la nation du 31 décembre dernier. Le 43ème Bima de Port-Bouët, une commune d’Abidjan, est la plus grande base française sur le continent africain après celle de Djibouti.
Après le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et le Sénégal, les forces françaises ne conserveraient désormais que deux emprises en Afrique notamment au Gabon et à Djibouti.
Cette situation qui découle du vent souverainiste qui souffle sur l’Afrique et du discours condescendant souvent tenu par les autorités françaises est une pilule difficile à avaler par le président Emmanuel Macron. C’est pourquoi, au cours d’une rencontre avec les ambassadeurs le lundi 6 janvier dernier, il a déclaré que les chefs d’Etat africains avaient oublié de dire merci lorsque la France était intervenue militairement au Sahel en 2013.
Emmanuel Macron a, en effet, critiqué la réaction de certains pays africains vis-à-vis des opérations militaires françaises menées au Sahel par la France entre 2013 et 2022. « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci », a indiqué le président français, provoquant de vives réactions de la part des autorités sénégalaises, tchadiennes et maliennes.
G. Diarra