
Au cours de la présentation de vœux de la presse au Président de la Transition le vendredi dernier, le président de la Maison de la Presse Bandiougou Danté a dit tout haut ce que beaucoup de journalistes murmurent tout bas.
D’entrée de jeu, Bandiougou Danté a indiqué que depuis août 2020, le Mali est engagé dans un processus de transition visant sa refondation. Selon lui, durant l’année 2024, les reportages, commentaires, interviews, dossiers, documentaires… ont fait état des grands défis climatiques, sécuritaires, économiques, sociaux, énergétiques que le pays devait relever.
Le président de la Maison de la Presse a indiqué qu’aujourd’hui comme la santé, l’éducation, la sécurité, l’information est un bien public.
« Les armes atomique, chimique, biologique, radioactive peuvent être considérées comme persuasives. Mais l’arme de destruction massive s’appelle, pour nous, la désinformation et nous professionnels de l’information, sommes bien outillés pour la désamorcer, ce qui concourt à notre mission de service public », a expliqué Bandiougou Danté.
« Les autorités nous offrent-elles les moyens, tous les moyens de jouer notre partition ? La réponse, conformément à notre vécu professionnel quotidien est non parce que nous sommes traités de journalistes alimentaires. Non parce que nos rédactions sont maintenues à dessein dans la disette et ne peuvent être viables et nous payer un salaire décent. Non parce que nous sommes sacrifiés au profit de nouveaux acteurs non professionnels, illégaux et parfois dangereux », a déploré le président de la Maison de la Presse. Pour Bandiougou Danté, l’aide à la presse malienne qui a fait couler beaucoup de salives et d’encre semble s’éloigner de plus en plus.
D’après lui, cette aide qui est une disposition légale, constitue un appui financier symbolique permettant aux organes médiatiques d’assurer la formation continue de leurs agents, l’achat d’intrants, le déplacement pour la collecte professionnelle des informations, les frais de tirage et d’électricité et occasionnellement le salaire minimum aux employés. « Cette aide à la presse a longtemps été le sujet de prédilection d’une campagne de communication, de diversion savamment orchestrée par certains acteurs pour semer la division dans nos rangs », a dénoncé M. Danté.
Le président de la Maison de la Presse a, par ailleurs, touché du doigt, la subvention accordée à l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM) et à l’Agence Malienne de Presse et de Publicité (AMAP) qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des moyens pour l’accomplissement des missions confiées aux deux organes publics.
Il a exprimé l’engagement des organes de presse à plus d’efforts pour devenir de véritables entreprises, rigoureuses et ambitieuses animées par des journalistes de valeur, responsables et dignes.
Pour Bandiougou Danté, la relecture des textes va permettre une mise en cohérence de la pratique du métier avec ce qui a cours au niveau sous-régional, africain et mondial. Mais aussi de procéder au nettoyage des écuries d’Augias et extirper des rangs de la presse, l’ivraie et la gangrène….
Le président de la Maison de la Presse a, en outre, déclaré que depuis quatre ans, ils ont l’impression de prêcher dans le désert à cause du mur de silence qui se dresse en face d’eux. Un silence qui, pour lui, véhicule un message bien clair. M. Danté a réitéré son objectif de susciter l’émergence d’une presse plus professionnelle et responsable. Avant de se dire optimiste quant à l’avenir des médias au Mali.
A. Traoré