
Les autorités de la Transition ont à nouveau suspendu, les activités des partis politiques sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure a été prise à travers le décret n°2025-0318/PT-RM du 7 mai 2025 portant suspension des activités des partis politiques.
Selon l’article 1er de ce décret présidentiel, sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, pour raison d’ordre public, les activités des partis politiques sur toute l’étendue du territoire national. La mesure de suspension s’applique aux activités des associations à caractère politique et aux activités de toutes autres organisations se réclamant d’un caractère politique.
Cette suspension intervient après une première mesure qui concernait les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations prise le 10 avril 2024. Cette mesure de suspension avait duré trois mois avant d’être levée à l’issue du conseil des ministres du mercredi 10 juillet 2024.
La suspension décidée le mercredi dernier par les autorités de la Transition tombe à un moment où les acteurs politiques s’organisent pour demander le respect de la Constitution et du pluralisme politique après les recommandations formulées lors des consultations des forces vives de la Nation sur la relecture de la Charte des partis politiques.
En effet, après la phase régionale de ces consultations les 16 et 17 avril, les forces vives de la Nation se sont retrouvées à Bamako pour la phase nationale du 28 au 29 avril au Centre international de conférences de Bamako. Les participants ont planché sur trois thématiques notamment « la réduction du nombre des partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement », « la relecture de la Charte des partis politiques avec une réaffirmation du statut de chef de file de l’opposition » et « le nomadisme politique en cours de mandat ».
A l’issue de ces Assises, les participants ont recommandé, entre autres, de dissoudre tous les partis politiques, de durcir leurs conditions de création en fixant une caution de cent millions de FCFA pour la création d’un parti politique, de supprimer le financement public des partis politiques, la suppression du statut de chef de file de l’opposition en relisant la loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique et son décret d’application, l’orientation des ressources allouées à ce poste vers les projets de développement et faire l’audit des fonds déjà alloués. Mais aussi, l’interdiction du nomadisme politique, l’application de mesures disciplinaires contre tout parti qui accueille un élu nomade telle que l’inéligibilité de tout candidat ou membre de ce parti aux postes nominatifs et électifs. En plus de ces recommandations sur les différentes thématiques, les forces vives ont fait des recommandations spécifiques qui n’ont rien à voir avec les thématiques notamment la révision de la Charte de la Transition en installant le Général d’armée Assimi Goïta comme Président de la République pour un mandat de 5 ans à partir de 2025, renouvelable, à l’instar de ses pairs de la Confédération AES, de donner le temps nécessaire aux dirigeants actuels pour poursuivre la gestion de l’État, de maintenir les organes actuels jusqu’à la pacification du pays. Mais également, de suspendre toutes les questions électorales jusqu’à cette pacification, de faire l’audit du fichier électoral par une structure indépendante après la dissolution des partis et maintenir l’autorisation préalable pour toute manifestation politique, de permettre la suspension d’un parti par l’autorité administrative en cas de trouble à l’ordre public, d’interdire les alliances contre nature lors des élections, d’exiger le paiement d’une caution de 250.000.000 de FCFA pour être candidat à l’élection présidentielle, etc.
Par la suite, lors du conseil des ministres du mercredi 30 avril dernier, le gouvernement a adopté un projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et de la Loi n°2015-007 du 04 mars 2015 portant Statut de l’opposition politique a été adopté.
Ces recommandations et décisions n’ont pas laissé les acteurs politiques et de la société civile indifférents dont certains ont appelé à manifester à travers un meeting pour le maintien du pluralisme politique et le respect de la Constitution le samedi dernier au Palais de la Culture. Ce rassemblement n’a pas pu se tenir à cause de l’intervention d’un groupe de jeunes favorables à la dissolution des partis politiques.
Ensuite, des jeunes leaders politiques et de la société civile ont organisé une conférence de presse à la Maison de la Presse le dimanche 4 mai dernier. Cette rencontre a également été empêchée par des groupes de jeunes qui ont pris d’assaut la Maison de la Presse obligeant les forces de l’ordre à faire évacuer la salle pour éviter tout affrontement entre les deux tendances. Mais les jeunes leaders politiques et de la société avaient un plan B puisqu’ils ont poursuivi leur activité dans un restaurant de la place où ils ont pu passer leur message aux hommes de médias. Toujours pour protester contre le risque de dissolution qui plane sur leur tête, les partis politiques pour la Constitution ont annoncé un rassemblement sur le Boulevard de l’Independance ce vendredi. Au même moment, un autre mouvement de jeunes prévoit un meeting au même lieu et au même moment.
A. Sanogo