
Le jeudi 20 février dernier, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta avait reçu en audience le nouvel ambassadeur du Mali à Alger, Mohamed Amaga Dolo. Le diplomate était venu prendre conseil auprès du Chef de l’État et avoir ses orientations pour sa nouvelle mission. Et le mardi 18 mars dernier, il a présenté ses lettres de créance, l’accréditant en qualité d’ambassadeur du Mali auprès de la République algérienne démocratique et populaire, au Président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La nomination de Mohamed Amaga Dolo est intervenue à un moment où l’Algérie et le Mali connaissent toujours des relations difficiles.
Pour rappel, en décembre 2023, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop avait convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour élever une vive protestation du gouvernement suite à des « actes inamicaux » posés par les autorités algériennes sous le couvert du processus de paix au Mali. Il s’agit des rencontres récurrentes aux niveaux les plus élevés en Algérie et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes d’une part, avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien et d’autre part, avec certains mouvements signataires du défunt Accord pour la paix ayant choisi le camp des terroristes.
Le chef de la diplomatie malienne avait indiqué que ces actes constituent une ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Avant d’inviter la partie algérienne à privilégier la voie de la concertation avec les autorités maliennes, seules légitimes pour entretenir des échanges d’Etat à Etat avec les partenaires du Mali.
Les deux pays avaient même rappelé leurs ambassadeurs pour consultations. Et deux semaines après, les deux diplomates avaient rejoint leurs postes respectifs.
Dans un communiqué en date du 1er janvier dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a condamné une nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali à travers un membre du gouvernement algérien. Avant d’indiquer que les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes soutenus du reste par des sponsors étatiques étrangers relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali et des choix de la Confédération des Etats du Sahel. Auparavant, dans son discours à la tribune de la 79ème assemblée générale des Nations unies le samedi 28 septembre 2024, l’actuel Premier ministre Abdoulaye Maïga avait également accusé l’Algérie d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali.
Un pas vers l’apaisement
La nomination d’un nouvel ambassadeur par les autorités maliennes a été perçue par certains observateurs comme un pas dans le sens de l’apaisement. Car les deux pays partagent une très longue frontière et sont liés par des liens historiques, géographiques et économiques. Avant de regagner son poste, le nouvel ambassadeur du Mali à Alger est venu prendre les conseils et orientations du Chef de l’Etat afin de mener à bien sa mission auprès de ce pays voisin avec lequel, le Mali entretient des liens de coopération.
Ses propos, à l’issue de l’audience avec le Général d’armée Assimi Goïta vont dans le sens de l’apaisement. Selon lui, il sort très réconforté de l’audience avec des orientations du Président de la Transition dans le cadre de la relance et du renforcement des relations de coopération entre le Mali et l’Algérie tout en respectant les trois principes constitutionnels qui guident désormais l’action publique au Mali. Après avoir reçu les orientations du Chef de l’Etat, le nouvel ambassadeur du Mali a présenté le mardi dernier, ses lettres de créance au Président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Au cours de leur entrevue, l’ambassadeur Mohamed Amaga Dolo a transmis au Président algérien, les salutations fraternelles et amicales de son homologue Assimi Goïta. Les échanges ont essentiellement porté sur les relations bilatérales entre les deux pays, qui traversent, depuis un certain temps, des situations d’incompréhension. A cet égard, les deux hautes personnalités ont rappelé que le Mali et l’Algérie sont deux pays frères et voisins liés par l’histoire et la géographie et ont souligné la nécessité de continuer à travailler ensemble pour surmonter les défis communs, avec confiance, courage et détermination.
Le nouvel ambassadeur du Mali a réaffirmé son engagement à œuvrer pour le raffermissement des liens d’amitié et de coopération entre le Mali et l’Algérie, avant de solliciter l’accompagnement du peuple et du gouvernement algériens dans le cadre de l’exécution de sa mission. Avant sa nomination comme ambassadeur, Mohamed Amaga Dolo était le chef d’état-major particulier du Président Assimi Goïta.
A. Traoré