
Au cours des Assises nationales pour la refondation du Niger qui se sont tenues du 15 au 20 février au Centre international de conférences Mahatma Gandhi de Niamey, les participants n’ont pas été tendres avec la classe politique à laquelle, ils imputent tous les problèmes que connaissant aujourd’hui le Niger.
A l’ouverture des travaux le samedi 15 février dernier, le gouverneur de la région de Niamey, le Général de brigade Abdou Assoumane Harouna a lui-même donné le ton avec un discours qui a été un véritable pamphlet contre la classe politique qui a dirigé le pays depuis la conférence nationale.
Dans une salle archicomble où sont représentées les forces vives de la Nation et des personnalités politiques qui ont eu à gérer les affaires de l’État depuis la conférence nationale et l’instauration de la démocratie multipartite au Niger, le Général Abdou Assoumane Harouna a critiqué la classe politique.
« En 35 ans de démocratie mal comprise, nous avons vu ce que la grande majorité de nos politiciens a fait de notre pays, un pays exsangu à tout point de vue malgré les ressources naturelles dont il dispose et la ressource essentielle pour sa construction qu’est la jeunesse », a indiqué le gouverneur. Selon lui, « nous avons été témoins de la gestion des hommes politiques ayant fait de notre administration, l’une des plus corrompues et des plus inefficaces malgré les compétences dont regorge pourtant cette administration mise sous coupe réglée du fait de la haute politisation où la médiocrité a parfois été érigée en valeur ». Le gouverneur poursuivra ses critiques en disant qu’en 35 ans de démocratie mal comprise, le tissu social du Niger a été des plus effilochés, mis dans un état de décrépitude inqualifiable, plongeant le pays dans l’abime et le chaos…
Il dira que « promettant pour la plupart aux Nigériens, la bonne gouvernance, le changement des mentalités, la culture des bonnes manières, une bonne justice, le mieux-être et le vivre ensemble, ces politiciens ont brillé par l’instauration des contre valeurs sociales se traduisant par le mensonge éhonté, le pillage systématique des ressources, la corruption devenue un mode de gouvernance, le clientélisme, le nomadisme politique, le clanisme, le népotisme, l’escroquerie, l’arrogance, la recherche effrénée du clinquant, la mise sous bail des richesses, la sous-traitance de la sécurité ».
Pour le Général Abdou Assoumane Harouna, « après ces 35 ans de démocratie mal comprise et de navigation à vue, le constat est des plus amers : certains hommes politiques pourtant garants de la chose publique aux postes qui étaient les leurs, avaient oublié leur responsabilité et leur devoir ».
Après le gouverneur de Niamey, lors des travaux dans les différentes sous-commissions thématiques, ces Assises ont été un véritable procès de la classe politique nigérienne. Même si elle n’était pas présente à ces Assises, de nombreux participants lui ont imputé la responsabilité de la situation difficile que traverse le Niger, considérant les membres du Conseil pour la sauvegarde de la partie (CNSP) comme des sauveurs.
C’est pourquoi, ils ont appelé à suspendre, à dissoudre ou même à supprimer les partis politiques actuels dans le pays. Certains ont même appelé à réduire leur nombre à deux ou à trois comme c’est le cas dans certaines puissances. Mais aussi à supprimer les formations politiques existantes et à partir sur de nouvelles bases avec de nouveaux partis politiques créés à travers une nouvelle Charte des partis politiques pour un multipartisme contrôlé.
A. Traoré