Après le Mali, le Burkina et le Niger : L’armée française ‘’chassée’’ du Tchad

Le Tchad a annoncé le 28 novembre dernier, sa décision de mettre fin aux accords de sécurité et de défense qui le liait à la France.

« Le Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a informé le ministère tchadien des Affaires étrangères à travers un communiqué officiel rendu public le jeudi 28 novembre.

Cette annonce a été faite au lendemain de la visite à N’Djamena de Jean-Noël Barrot, alors chef de la diplomatie française. A la suite de l’annonce de la rupture de la coopération militaire avec la France, le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno s’est adressé à ses compatriotes.

Il a expliqué que depuis plusieurs décennies, le Tchad et la France entretiennent une coopération dans plusieurs secteurs, notamment dans le domaine militaire. Le président tchadien a précisé que cette rupture ne concerne que l’accord de coopération militaire dans sa configuration actuelle.

Pour lui, cet accord avait été signé à une autre époque, avec d’autres acteurs de part et d’autre et dans un contexte tout aussi diffèrent. Il visait à répondre aux défis communs d’une autre conjoncture nationale, régionale et internationale.

« Au fil du temps, cet accord est devenu obsolète. Complètement obsolète. Il ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques de notre temps, ni à nos attentes légitimes quant à la pleine expression de notre souveraineté », a indiqué le président Mahamat Idriss Deby Itno, qui a indiqué qu’il n’apporte aucune valeur ajoutée réelle sur le terrain militaire, où le Tchad fait face, seul, à des défis variés et sérieux notamment des attaques de dimension terroriste.

« Cette décision n’a pas été prise de manière légère. Elle résulte d’une réflexion approfondie et d’une évaluation minutieuse. Elle répond à un engagement pris devant le peuple tchadien, à travers mon projet de société ayant mis en exergue la promesse de bâtir des relations réciproques et équilibrées avec les pays frères et amis, dans un esprit d’indépendance et de respect de la souveraineté des États », a souligné le président tchadien. Il dit avoir décidé de mettre un terme à cette coopération militaire pour réorienter le partenariat avec la France sur des domaines qui auront plus d’impact positif sur le quotidien des populations respectives.

Le président Deby a en outre indiqué que cette décision de rupture ne constitue, en aucun cas, un rejet de la coopération internationale ni une remise en question des relations diplomatiques avec la France.

« Le Tchad n’est nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître. Notre pays croit avec foi en sa capacité de défendre son intégrité et assurer la sécurité de ses citoyens et leurs biens », a-t-il dit tout en soutenant que cettedécision constitue un acte souverain, mûrement réfléchi, entièrement assumé, visant à renforcer l’indépendance nationale et répondre à un engagement fort pris devant le peuple tchadien.

A noter que la France avait tranché sa position en soutenant le Conseil militaire de transition au Tchad, qui avait pris le pouvoir après le décès du chef de l’Etat, Idriss Déby Itno en dépit de la condamnation par l’opposition, qui a qualifié cet acte de putsch contre la Constitution.
Le président français, Emmanuel Macron, avait souligné dans un discours prononcé à l’occasion des funérailles d’Idriss Déby dans la capitale tchadienne N’Djamena, que son pays « n’autorisera personne, ni aujourd’hui ni demain, à porter atteinte à la stabilité du Tchad ».

Après avoir été chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France vient ainsi de perdre le Tchad qui était le dernier bastion de la présence militaire française au Sahel. Le pays d’Emmanuel Macron perd ainsi le Sahel qui était une de ses principales zones d’influence en Afrique et dans le monde.

A. Sanogo