Affaires des 46 militaires ivoiriens : Discussions franches entre le Colonel Assimi Goïta et les émissaires de la Cedeao

Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta a reçu ce jeudi une délégation de haut niveau de la Cedeao composée des chefs d’Etat du Ghana, Nana Akufa-Addo, de la Gambie, Adama Barrow et du chef de la diplomatie togolaise, Pr Robert Dussey. Cette mission de haut niveau de l’organisation sous-régionale était à Bamako pour tenter de trouver une solution négociée pour la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali. La décision de cette mission avait été prise lors du sommet extraordinaire tenu par les chefs d’Etat ouest-africains le mercredi 22 septembre à New-York en marge des travaux de la 77ème  assemblée générale des Nations unies.

A l’issue de ce sommet extraordinaire, la Cedeao avait décidé d’envoyer trois chefs d’Etat à Bamako afin de trouver une solution pour la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali. D’abord, trois présidents avaient été annoncés notamment Macky Sall du Sénégal, Nana Akufo-Addo du Ghana  et Faure Gnassinbgé du Togo, principal médiateur dans ce dossier sensible qui oppose le Mali à la Côte d’Ivoire depuis quelques semaines. Finalement, deux chefs d’Etat ont répondu à l’appel : Nana Akufo-Addo du Ghana et Adama Barrow de la Gambie qui a remplacé Macky Sall du Sénégal. Faure Gnassingbé s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Robert Dussey.

Ils ont été accueillis à leur descente d’avion à l’aéroport international président Modibo Keïta-Senou par le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta. Avant d’être  reçus au Palais de Koulouba. Assimi Goïta et ses hôtes du jour se sont d’abord entretenus à huis clos. S’en est suivie une séance de travail élargie aux différentes délégations  dont le médiateur de la Cedeao pour le Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, au représentant résident de la Cedeao, au Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, au ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Mahamadou Kassogué, au président du Conseil national de Transition (CNT) le colonel Malick Diaw, mais aussi au ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyene.

Après plusieurs heures de discussions, rien n’a filtré de cette rencontre. Le président Assimi Goïta fut le premier à quitter la salle. Il est suivi par le Ghanéen Nana Akufo-Addo qui n’a pas souhaité s’exprimer sur leur entrevue. Après lui, Adama Barrow tout comme le chef de la diplomatie togolaise n’a pas aussi souhaité faire de déclaration à la presse.

Même si rien n’a filtré, tout porte à croire que les autorités maliennes sont restées campées sur la position qu’ils avaient déjà exprimée sur cette affaire après la dernière session du Conseil national de securité de la Côte d’Ivoire tenu le mercredi 14 septembre dernier. En réponse au communiqué de ce conseil, les autorités maliennes avaient tenu à préciser dans un communiqué officiel qu’il s’agit d’une affaire judiciaire et bilatérale entre deux Etats. Et sur la décision des autorités ivoiriennes d’avoir transformé ce dossier en une crise diplomatique et de saisir la Cedeao, le gouvernement du Mali avait souligné clairement  qu’il n’est nullement concerné par cette procédure devant l’organisation communautaire. Avant de mettre en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes pour se soustraire de leur responsabilité vis-à-vis du Mali. A la tribune des Nations unies, le Premier ministre par intérim a déclaré que notre pays a fait l’objet d’une combine par rapport à ce dossier. Avant de déplorer  la synchronisation, la mise en scène et  l’harmonisation des éléments de langage pour faire passer le Mali du statut de victime à celui de coupable. De retour de New-York, le Colonel Abdoulaye Maïga avait également déclaré que c’est un dossier judiciaire et le gouvernement n’est pas bien placé pour s’impliquer dans les questions judiciaires. Toutefois, il avait précisé que seul le président de la Transition pouvait le faire étant donné qu’en plus d’être le chef suprême des Armées, chef de l’Etat, il est également le président du Conseil supérieur de la magistrature.

La Nouvelle Voie du Mali