Samanko : Le ‘’traumatologue traditionnel’’ Bourama Doumbia continue à faire des ‘’miracles’’

Il s’appelle Bourama Doumbia. Rares sont ceux qui n’ont pas entendu parler de ce traumatologue traditionnel basé à Samanko derrière Samaya. Ces dernières années, il a soigné des milliers de personnes victimes de diverses fractures.

Situé à près de 07 kilomètres de Bamako, le village de Samanko est populaire grâce à un de ses habitants : Bourama Doumbia. Ces dernières années, ce village a été visité par des milliers de personnes venant de Bamako, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Les gens ne s’y rendent pas pour du tourisme. Mais souvent avec des cas désespérés de fractures. C’est également pour rendre visite à des malades ou pour se procurer l’huile de massage que Bourama Doumbia met à leur disposition. Une huile qui soigne les courbatures, les contusions, les entorses et qui soulage même les malades souffrant d’hypertension.

Sur le plan professionnel, Bourama Doumbia est agent de nettoyage et d’entretien à l’Institut International de Recherche sur les Cultures des Zones Tropicales Semi-arides (ICRISAT) dont la station se trouve derrière Samaya. Dès 16 heures, lorsqu’il finit son service, il est attendu chez lui par des centaines de patients. Bourama est assisté par plusieurs ‘’aide-soignants’’ qu’il a lui-même formés. Il soigne, gratuitement, ses patients. Et n’attend rien en retour.

« Je soigne gratuitement mes patients. Après avoir été pris en charge et guéri de sa fracture, je libère le patient qui n’a pas le droit de me remercier, ni de me payer. Il est libre de partir et s’il le veut, il peut un jour nous faire un petit geste. Mais cela dépend de sa volonté, car ce n’est pas obligatoire. Après leur traitement ici à Samanko, certains nous font des gestes, mais entre les patients et moi, il n’y a pas de prix, car les soins sont gratuits », précise Bourama Doumbia. Selon lui, son seul souci est de pouvoir soigner les gens et les soulager de leurs fractures.

Bourama Doumbia soigne les fractures de tout genre. Certains patients ont même des problèmes pour se prendre en charge, en logement ou en nourriture. Pour ces cas, lui-même se charge de le faire avec ses petits moyens.

A leur arrivée, les patients louent des chambres à Samanko durant le temps de leur prise en charge. A cause de cette situation, rares sont les familles du village où ne loge pas un de ses patients. Bourama Doumbia explique qu’il y a plusieurs patients qui devraient être amputés de leurs jambes, mais grâce à Dieu, il a pu les soigner.Et ces derniers marchent aujourd’hui. Témoignages de patients guéris

M. Keita explique qu’il aquitté son village pour venir se faire soigner à Samanko suite à une fracture à la jambe gauche. D’après lui, sa jambe s’était fracturée jusqu’à ce que son tibia était visible. On l’a amené dans un grand hôpital de la capitale où il a été pris en charge pendant plus d’un mois. Mais cela n’a rien donné. C’est pourquoi, un de ses proches l’a conduit à Samanko après avoir entendu parler de Bourama Doumbia. Grâce à lui, il a été guéri et aujourd’hui il marche et conduit.

S. Sanou, un autre patient témoigne qu’il a été cloué à la maison pendant plus de trois mois   suite à une fracture à la jambe pendant qu’il jouait au football avec les jeunes de son quartier. Selon lui, ses proches l’avaient amené dans un premier temps chez un guérisseur traditionnel non loin de leur maison dans un quartier de la capitale. Mais cela n’a pas marché. Ensuite, ils l’ont conduit à l’hôpital Gabriel Touré et là aussi, ça n’a pas marché. Pour son cas, on avaitmême envisagé l’amputation. C’est alors qu’un de ses cousins l’a conduit chez Bourama Doumbia à Samanko où il a pu retrouver l’usage de sa jambe fracturée. Aujourd’hui, M. Sanou marche normalement et conduit sa moto partout où il le souhaite. A cause de cette fracture, il avait perdu son travail. Aujourd’hui, il a commencé un nouveau travail, s’est même marié et a fondé une famille.

De son coté, S. Konaté explique que durant plus d’une année, il a souffert d’une fracture au dos des suites d’un accident de moto dans son village. Il dira qu’il a subi des traitements pendant plusieurs mois à l’hôpital. Comme son était ne s’est pas améliorée, sa famille l’a amené à Samanko.Grâce à Bourama Doumbia, sa situation s’est améliorée au fur et à mesure.

Interrogé sur ses conditions de travail, Bourama Doumbia nous a confié qu’un particulier a payé quelques terrains pour lui Ouezzindougou et y a construit un bâtiment avec un grand hangar où il prend en charge certains de ses patients. D’après lui, certains logent également là-bas. Toutefois, ce bâtiment seul ne peut pas accueillir tous ses patients. C’est pourquoi, il demande aux autorités et même aux bonnes volontés de lui venir en aide pour qu’il puisse continuer à prendre en charge et dans de meilleures conditions, les patients victimes de fractures. Le souhait de Bourama Doumbia est d’avoir un centre où il pourra prendre en charge tous ses patients. Un autre de ses souhaits est de pouvoir travailler avec certains grands hôpitaux. Car pour lui, plusieurs personnes sont amputées de leurs jambes ou bras alors qu’ils peuvent être pris en charge traditionnellement.

D. D