Propos de Macron sur les dirigeants africains : Les vives réactions des autorités tchadiennes et sénégalaises

Le président français, au cours d’une rencontre avec les ambassadeurs le lundi dernier au Palais de l’Elysée, aestimé que les chefs d’Etat africains avaient oublié de dire merci lorsque la France était intervenue militairement au Sahel en 2013.

Emmanuel Macron a, en effet, critiqué la réaction de certains pays africains vis-à-vis des opérations militaires françaises menées au Sahel par la France entre 2013 et 2022. « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci », a indiqué le président français. Il s’est prononcé sur la politique étrangère de la France en Afrique, marquée ces derniers mois par le retrait de ses forces militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger et plus récemment au Tchad.

« On est partis parce qu’il y a eu des coups d’État, parce qu’on était là à la demande d’États souverains qui avaient demandé à la France de venir », a laissé entendre Emmanuel Macron.  « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci », a-t-il dit concernant la lutte contre le terrorisme mené par l’armée française au Sahel.

« L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme. Je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques de le porter, aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région », a ajouté Emmanuel Macron. Il dira que le départ des soldats français basés dans plusieurs pays du continent a été négocié avec certains dirigeants. Ces propos ont fait réagir les autorités sénégalaises et tchadiennes qui les ont contestées.

Vives réactions du Tchad et du Sénégal

Les autorités tchadiennes ont réagi à travers un communiqué signé du chef de leur diplomatie.  Abderaman Koulamallah a dénoncé une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains. Tout en ajoutant que les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain, le chef de la diplomatie tchadienne a rappelé que le Tchad n’a aucun problème avec la France en tant que nation ni avec le peuple français, avec lequel il partage une histoire marquée par des relations humaines et culturelles. Cependant, il dira que les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain et reconnaître la valeur de ses sacrifices. Il a rappelé que l’Afrique, y compris le Tchad, a joué un rôle déterminant dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales.

Au niveau du Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a qualifié l’affirmation d’Emmanuel Macron de totalement erronée. Il a précisé qu’aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain.

Aussi, le Premier ministre sénégalais a réagi à la déclaration selon laquelle, aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée. Ousmane Sonko dira que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, il soutient qu’elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel. Comme pour les autorités tchadiennes, le Premier ministre sénégalais a rappelé à Emmanuel Macron, l’engagement des Africains pour la libération de la France lors de la seconde guerre mondiale. D’après lui, si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, allemande.

A. Traoré