Le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali Me Ousmane B. Traoré est dans une guerre sans merci contre les comportements déviants dans le secteur de la justice surtout chez ses confrères.
Lors de l’audiencesolennelle de rentrée des cours et tribunaux 2023-2024, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali avait dépeint un certain nombre de comportements déviants de la part de certains acteurs de la justice pour lesquels, il avait demandé des sanctions.
Dans sa plaidoirie sur le thème « justice et citoyenneté dans le Mali nouveau », Me Ousmane B. Traoré avait expliqué que la justice et la citoyenneté sont deux notions étroitement liées et consubstantielles à la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie. Pour lui, la justice symbolise la reconnaissance et le respect des droits et du mérite de chacun. Et elle est avant tout un idéal et une valeur morale, la base de la cohésion sociale, le pilier de l’Etat de droit et fondatrice des valeurs démocratiques.
Par Mali nouveau, Me Ousmane B. Traoré a expliqué qu’il entend un Mali débarrassé de toutes les pesanteurs nuisibles à son développement et au bien-être des populations. Pour l’atteinte de cet objectif fort louable, il a exhorté les citoyens à adopter un ensemble de comportements positifs se manifestant par un réarmement moral individuel et collectif plaçant la patrie au-dessus des intérêts personnels. Mais aussi en se remémorant toujours la Charte du Mandé contenant 44 articles. Pour l’avocat, le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins. Et il a décidé de prendre son destin en mains, de s’affranchir de certaines pesanteurs et de poser les jalons d’un véritable progrès.
« Nous tous : avocats, juges, huissiers-commissaires de justice, notaires, gardiens de prison, experts judiciaires et agents de police judicaire, nous devrons faire de l’éthique notre bréviaire, comme l’a rappelé Kéba Baye lors de la leçon inaugurale sur l’éthique prononcée le 14 décembre 2005 à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar », a indiqué Me Traoré, qui a invité les acteurs de la justice à mettre l’éthique au centre de leurs préoccupations.
Me Ousmane B. Traoré a noté des avancées réalisées au titre des réformes structurelles déjà engagées dans le secteur de la justice. A ces réformes majeures s’ajoutent la semaine de la justice et la relecture du Code pénal et du Code de procédure pénale, a détaillé le bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali. Autre source de satisfaction qu’il a citée est l’embellie observée par les justiciables quant à la qualité des décisions de justice par certaines juridictions de fond dont la Cour d’appel de Bamako.
Cependant, la question récurrente que Me Ousmane B. Traoré se pose est « que faire contre les acteurs de la justice qui s’écartent toujours des règles, contre ceux d’entre nous qui pensent que la justice représentée par la balance de Themis n’est qu’illusion, incantation, vœux pieux, qui oublient que la justice est le pain du peuple et qu’à ce titre, il en est toujours affamé ? ». La réponse qu’il a donnée est qu’il faut sévir. Et en ce qui concerne le barreau du Mali, il dira que le conseil de l’ordre et le bâtonnier ont entrepris des mesures énergiques qui ne sauraient s’accommoder d’un exercice professionnel débridé au mépris de la probité et de la décence. Selon Me Ousmane B. Traoré, la tenue des états généraux du barreau s’est inscrite dans ce registre, car pour lui, il n’est pas question d’enlever la paille dans les yeux de certains acteurs principaux de la justice et laisser la poutre dans les leurs. D’après lui, le barreau œuvre à la mise en place d’un observatoire dédié à la lutte contre les pratiques anormales au sein de la justice au Mali.
Dans cette dynamique enclenchée par le bâtonnier, des sanctions disciplinaires ont été prises récemment par le conseil de discipline de l’ordre des avocats du Mali contre certains de ses membres.
S. Traoré