
Faut-il dissoudre les partis politiques ? C’est sur cette question que l’avocat et ancien journaliste, Me Cheick Oumar Konaré a donné son point de vue dans les lignes qui suivent.
D’entrée de jeu, il dira que la rumeur enfle sur une supposée volonté des autorités de dissoudre les partis politiques. Il précise qu’il n’est militant d’aucun parti mais ne croit pas judicieux de dissoudre les partis ni même d’en limiter le nombre. Et il donne ses raisons.
Selon Me Cheick Oumar Konaré, le multipartisme est un acquis démocratique arraché au prix du sang en 1991 et il est consacré par la Constitution qui interdit de le remettre en cause, même au moyen d’une révision constitutionnelle. Pour cela, il estime qu’il convient de respecter ce minimum démocratique.
« On ne peut décider de dissoudre les partis sur la base d’assises ou de « dialogues » animés par des personnalités non élues, qui ne représentent donc pas le peuple », ajoute Me Konaré comme autre argument justifiant son raisonnement. Pour lui, nul ne peut définir une base logique permettant de dissoudre un parti et d’en épargner un autre car « le petit parti d’aujourd’hui est appelé à devenir le grand parti de demain en cas de rejet, par le peuple, de la politique des gouvernants ».
L’avocat reconnait certes que les anciens dirigeants politiques sont critiquables dans leur gestion du pays, mais il s’agit là de fautes personnelles et non d’une faute générale des partis. Me Cheick Oumar Konaré soutient que de 1991 à nos jours, les principaux postes gouvernementaux (Primature, ministères des Finances, de l’Administration, des Affaires étrangères ou de la Justice, par exemple) ont le plus souvent été confiés à des non-partisans.
Par ailleurs, il a rappelé que la Charte des partis prévoit expressément les cas où un parti ou une association peut être dissous et aucun parti n’échappe à ces règles légales.
Enfin Me Konaré dira que dissoudre les partis à la veille d’élections générales conduirait à un immense désordre et apparaîtrait comme une manière de museler le peuple.
Au lieu d’une dissolution ou d’une limitation arbitraires des partis, il a fait des propositions notamment : arrêter tout financement public des partis en raison de l’indigence de l’Etat, élargir la possibilité de dissolution aux partis qui se rendraient coupables de fraudes électorales ou financières. Mais aussi, interdire les alliances électorales contre nature entre partis de la majorité et de l’opposition afin de sauvegarder l’image et la crédibilité des partis et obliger, sous de sévères sanctions financières, les partis à tenir régulièrement leurs assises statutaires et à ne pas recourir à des sponsors étrangers.
A. Sanogo