
Il y a quelques mois, alors que le Mali et l’Algérie traversaient une crise diplomatique, le pays d’Abdelmadjid Tebboune renforçait ses relations de coopération avec le Niger et le Burkina Faso, les deux autres pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES). Mais avec le dernier développement dans cette crise suite à la destruction d’un drone des Forces armées et de sécurité maliennes par l’Armée algérienne, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de se ranger derrière le Mali. Toutefois, cette décision ne sera certainement pas sans conséquences sur les relations de coopération entre l’Algérie et ces deux Etats.
Pour rappel, en décembre 2023, le ministre Abdoulaye Diop avait convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour élever une vive protestation du gouvernement suite à des « actes inamicaux » posés par les autorités algériennes sous le couvert du processus de paix. Il avait indiqué que ces actes constituent une ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Les deux pays avaient même rappelé leurs ambassadeurs. Et deux semaines après, les deux diplomates avaient rejoint leurs postes respectifs.
Dans un communiqué en date du 1er janvier dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, avait condamné une nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali à travers un membre du gouvernement algérien. Avant d’indiquer que les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes soutenus du reste par des sponsors étatiques étrangers relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali et des choix de la Confédération des Etats du Sahel. Auparavant, dans son discours à la tribune de la 79ème assemblée générale des Nations unies le samedi 28 septembre dernier, l’actuel Premier ministre Abdoulaye Maïga avait également accusé l’Algérie d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali.
Alors que les relations entre Bamako et Alger étaient difficiles, l’Algérie s’est rapprochée des deux autres pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES).
Après le coup d‘Etat contre le président Mohamed Bazoum, l’Algérie avait proposé sa médiation, en prônant une transition de six mois. Une proposition qui n’avait pas été acceptée par les militaires au pouvoir au Niger. Cette attitude avait marqué le début d’une crise entre Alger et Niamey. Par la suite, le ministre nigérien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Niger pour protester contre des violences lors l’opération de refoulement des migrants subsahariens.
Depuis, il n’y avait aucun échange entre les deux pays jusqu’au déplacement à Niamey du ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab. Une visite qui a été suivie de celle du Premier ministre nigérien Ali Mahmane Lamine Zeine à Alger. Lequel a souligné l’attachement de son pays au partenariat et à la coopération avec l’Algérie. Au cours de cette visite, le Premier ministre algérien a souligné l’intérêt particulier que porte le président Abdelmadjid Tebboune, au développement des relations bilatérales avec le Niger en saluant les relations fraternelles historiques entre les deux pays.
Les deux Etats ont exprimé leur volonté de hisser leur coopération bilatérale à un niveau supérieur dans le cadre des mécanismes bilatéraux et à travers l’échange de visites de haut niveau pour la mise en œuvre des programmes de coopération en place et le parachèvement des projets de développement communs. L’Algérie et le Niger ont également exprimé leur volonté de renforcer leur coopération dans tous les domaines.
Le premier pas dans ce rapprochement entre Alger et Niamey s’est matérialisé avec l’annonce du groupe algérien des hydrocarbures, Sonatrach, concernant la reprise de ses activités pétrolières au Niger.
A la suite de la visite du Premier ministre nigérien, le groupe Sonatrach et la Société nigérienne de pétrole (Sonidep) ont scellé un partenariat stratégique dans le cadre de la mise en œuvre du projet de construction d’une raffinerie et d’un complexe pétrochimique à Dosso.
En plus du Niger, l’Algérie a continué à renforcer ses relations avec le Burkina Faso, un autre pays de l’AES. C’était le cas en juin 2023 lorsque le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf recevait le conseiller spécial du président du Faso, en visite de travail en Algérie. La rencontre était l’occasion de passer en revue les relations bilatérales entre l’Algérie et le Burkina Faso, ainsi que les perspectives de leur renforcement, en instaurant les conditions idoines pour une nouvelle ère de coopération économique et de coordination politique entre les deux pays.
Après cette visite, la secrétaire d’Etat, auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Selma Bakhta Mansouri, avait été reçue en décembre dernier par le président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, auquel elle a transmis un message du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Au cours de cette audience, il a été question de trouver les voies et moyens pour dynamiser la coopération dans divers secteurs comme la coopération académique, le développement des secteurs socioéconomiques et les questions humanitaires. Aussi, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le maintien et la préservation de la stabilité nationale et régionale, l’Algérie s’est dite prête à appuyer les efforts du Burkina Faso. Dans le cadre de leur coopération, le Burkina a réceptionné le 2 janvier dernier, une aide humanitaire de l’Algérie composée de 72 tonnes de colis alimentaires, 15 tonnes de couvertures, 14 tonnes de tentes et 5 tonnes de médicaments, soit un total de 106 tonnes. Avec les derniers développements dans la crise entre le Mali et l’Algérie, ces deux pays membres de l’AES ont décidé de soutenir le Mali en convoquant leurs ambassadeurs pour consultations. Cette prise de position ne sera certainement pas sans conséquences pour la coopération entre l’Algérie et des deux Etats qui avaient plusieurs projets en commun.
A. Sanogo