
Le 15 mai 2022, le Mali, l’un des membres fondateurs du G5-Sahel a décidé de se retirer de tous les organes et instances de cette organisation y compris la Force conjointe. Les autorités maliennes ont justifié ce retrait par le non-respect des décisions prises lors du sommet de février 2021 et la violation des textes de l’Organisation. Mais aussi, l’opposition de certains Etats membres à la présidence du Mali suite à des manœuvres d’un État extra-régional visant à isoler le Mali, l’empêchant ainsi d’assumer la présidence tournante du G5-Sahel.
Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont également annoncé par un communiqué conjoint le 1er décembre 2023, qu’ils ont décidé « en toute souveraineté » de se retirer de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Après le retrait du Mali, du Burkina et du Niger, le G5-Sahel ne compte désormais que deux Etats à savoir la Mauritanie et le Tchad.
Par la suite, les trois pays qui connaissent les mêmes problèmes sécuritaires liés au terrorisme ont décidé de créer l’Alliance des Etats du Sahel qui deviendra plus tard la Confédération des Etats du Sahel (AES). Ils ont promis de maintenir leur dynamique de coopération au sein de cette alliance. Après le G5-Sahel, les trois pays ont également annoncé dans un communiqué conjoint rendu public le dimanche 28 janvier 2024, leur retrait de la Cedeao.
Il y a quelques jours, ils ont également annoncé leur retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) via un communiqué des ministres des Affaires étrangères en date du 18 mars dernier. Ils ont indiqué que pendant les 55 ans d’existence de cette organisation, les trois pays qui forment aujourd’hui la Confédération des Etats du Sahel (AES) ont contribué inlassablement et de manière significative, à la construction et au renforcement de l’OIF. Cependant, depuis l’avènement de la transition au Mali, au Burkina puis au Niger, « l’organisation au lieu d’accompagner ces pays dans la réalisation des aspirations légitimes de leurs peuples conformément à ses objectifs de paix, de coopération et de solidarité, s’est illustrée par l’application sélective de sanctions sur la base de considérations géopolitiques et le mépris pour leur souveraineté, devenant ainsi un instrument politique téléguidé ». Face à cette attitude condescendante, les Chefs d’Etat des trois pays ont décidé en toute souveraineté de quitter l’OIF. Ils ont précisé que la décision de retrait a déjà fait l’objet de notification par les Etats membres de la Confédération AES conformément à l’article 10 de la charte de l’OIF.
Cette décision de retrait n’a guère surpris du côté de l’organisation. Selon la responsable de la communication et porte-parole de l’OIF, cette décision du Mali ne les étonne pas car il y avait déjà eu des décisions similaires de la part du Burkina Faso et du Niger, surtout qu’ils savent que ces trois pays ont pris des décisions communes ces derniers mois notamment au sein de leur alliance. La porte-parole a précisé que quand l’OIF a décidé de suspendre ces trois pays suite aux coups d’Etat qui ont eu lieu, elle s’est appuyée sur la déclaration signée à Bamako en 2000 par les Etats et gouvernements de la Francophonie qui stipule clairement qu’en cas de coup d’Etat, l’organisation devait suspendre le pays concerné de ses instances.
A. Sanogo