Dans un communiqué lu hier jeudi à la télévision nationale par le Premier ministre par intérim, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, les autorités maliennes ont réagi aux accusations de la Côte d’Ivoire dans le dossier des 49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako.
Selon le colonel Abdoulaye Maïga, le gouvernement a suivi avec une profonde stupéfaction, le communiqué du Conseil national de securité de la Côte d’Ivoire tenu le mercredi 14 septembre au sujet des 49 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet 2022 et contre lesquels, la justice malienne a ouvert une procédure d’information judiciaire pour des faits graves touchant à la securité nationale et à la sureté extérieure de l’Etat. Le gouvernement a rappelé que par un communiqué datant du 11 juillet 2022, il a expliqué en détails, les conditions illégales dans lesquelles, ces forces étrangères dont une trentaine de forces spéciales sont arrivées au Mali en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation tout en dissimulant leurs identités et leur profession réelle de militaire.
Démenti formel
Selon le gouvernement, contrairement à la déclaration des autorités ivoiriennes, la Minusma officiellement saisie sur le statut de ces militaires par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale avait clairement indiqué que ces soldats ne faisaient pas partie des éléments nationaux de soutien. Aussi, le directeur en charge des questions africaines au même ministère a reçu en audience le lundi 7 août 2022, son homologue allemand qui a indiqué qu’aucune agence allemande encore moins le gouvernement n’avaient de liens contractuels avec ces éléments ivoiriens. Et malgré la gravité des faits qui entourent cette affaire, le Mali a bien voulu accompagner les efforts de médiation du Togo, unique cadre de règlement de ce dossier.
Dans le communiqué du Conseil national de securité du mercredi 14 septembre, le gouvernement ivoirien insiste sur son innocence et celle des 49 militaires arrêtés. Face à cette situation, les autorités maliennes notent avec une profonde stupéfaction que le gouvernement ivoirien vient de se dédire en l’espace de 11 jours après avoir reconnu sa responsabilité dans sa déclaration officielle lue par le ministre-directeur de cabinet du président Alassane Ouattara. Dans cette déclaration en date du 3 septembre, rappelle le gouvernement, Fidèle Sarassoro a indiqué que la Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet évènement fortement regrettable. Il a promis que son pays, soucieux de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali s’engage à respecter les procédures des Nations unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées relatives au déploiement des forces militaires au Mali.
Revirement des autorités ivoiriennes
Pour le gouvernement du Mali, ce revirement de la part d’autorités étatiques ne vise qu’à manipuler et à entraver la manifestation de la vérité. « Animé d’une volonté d’adversité, le gouvernement ivoirien accuse le Mali d’avoir pris en otage les militaires ivoiriens en faisant fi des conditions obscures et des manquements ayant entrainé leur inculpation par la justice malienne », déplore le gouvernement du Mali, qui précise que c’est exclusivement en sa qualité de président du Conseil supérieur de la Magistrature que le colonel Assimi Goïta a indiqué à la partie ivoirienne la nécessité de considérer la situation de certains Maliens objet de mandats d’arrêt internationaux. Et c’est cette attitude responsable du président Goïta qui a été malheureusement perçue par les autorités ivoiriennes comme une prise d’otages, regrette le gouvernement. A la décision des autorités ivoiriennes d’avoir transformé ce dossier judiciaire en une crise diplomatique et par conséquent de saisir la Cedeao, le gouvernement du Mali souligne qu’il n’est nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire. Avant d’indiquer à la Cedeao que l’affaire des 49 mercenaires ivoiriens est purement judiciaire et bilatérale. Et de mettre en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes pour se soustraire de leur responsabilité vis-à-vis du Mali. Enfin, le gouvernement a prévenu qu’il ne cèdera à aucun chantage ou intimidation.
La Nouvelle Voie du Mali