Tension entre le Mali et la France: Les forces Barkhane et Takuba sommées de quitter le territoire malien sans délai

Two Armoured Personnel Carriers (APC) of the French Army patrol a rural area during the Bourgou IV operation in northern Burkina Faso on November 14, 2019. - This is the first time that the French Army, the national armies and the multinational force of the G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritania and Chad) have officially worked together in the field. The mission of the 1,400 soldiers of this Bourgou IV operation (including 600 of the 4,500 French soldiers of the Barkhane force): to restore authority in a remote area where no army has set foot in more than a year, leaving the field open to jihadists. (Photo by MICHELE CATTANI / AFP)

Le gouvernement du Mali a pris acte de la décision unilatérale des autorités françaises de procéder au retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, en violation des accords liant la France et le Mali et impliquant d’autres partenaires. 

Dans un communiqué publié ce vendredi 18 février, il ressort que cette décision fait suite aux annonces unilatérales de la France, le 03 juin 2021, de la suspension des opérations conjointes avec les Forces armées maliennes et le 10 juin 2021 de la fin de l’opération Barkhane, sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne. Ces décisions unilatérales constituent des violations flagrantes du cadre juridique liant la France et le Mali, souligne le gouvernement. 

Dans le communiqué, le gouvernement soutient que les résultats obtenus et annoncés officiellement par les autorités françaises, n’ont pas été satisfaisants, ni en 2013 avec l’opération Serval (détruire le terrorisme, restaurer l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national, faire appliquer les résolutions de l’ONU) ni en 2016 avec l’Opération Barkhane (lutter contre le terrorisme, aider à faire monter l’Armée malienne en puissance, intervenir en faveur des populations). « Malgré la présence de l’opération Barkhane et des forces internationales, de 2013 à 2021, le Mali a risqué la partition et la menace terroriste initialement localisée au Nord du Mali, s’est répandue sur l’ensemble du territoire national », déplore le porte-parole du gouvernement. Selon lui, l’opération Serval n’aurait pas été nécessaire si l’OTAN n’était pas intervenue en Libye en 2011. Le Colonel Abdoulaye Maïga a souligné que cette intervention qui a fondamentalement modifié la donne sécuritaire dans la région et dans laquelle, la France a joué un rôle actif de premier plan et au grand dam des Africains, est à la base des problèmes sécuritaires actuels du Mali en particulier et du Sahel en général.

Contrairement aux allégations relatives à la dégradation de la situation sécuritaire, les autorités de la Transition, dans l’exercice de leur droit souverain, ont entrepris des actions volontaristes pour diversifier les partenariats, consenti d’énormes efforts, permettant ainsi la montée en puissance des Forces armées maliennes et l’amélioration significative de la situation sécuritaire sur le terrain, depuis 6 mois, notamment, en vue de créer les conditions de la tenue des élections. 

Pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, indique le document, le gouvernement a mis en place un mécanisme de concertation visant à adopter un chronogramme consensuel, en rapport avec la CEDEAO, I’UA, I’ONU et certains pays de la région. « Au regard de ces manquements répétés des accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes », déclare le porte-parole, Abdoulaye Maïga. 

Par ailleurs, le gouvernement exhorte nos vaillantes forces armées et de sécurité nationales à plus d’engagement, de vigilance et de détermination dans l’accomplissement de leur mission de défense de l’intégrité territoriale et de sécurisation des personnes et des biens. Attaché aux valeurs de dignité, le gouvernement reconnait les sacrifices consentis et s’incline devant la mémoire des victimes de l’insécurité, civiles et militaires, maliennes et étrangères. 

Le gouvernement réaffirme sa disponibilité à renforcer davantage le dialogue et la coopération avec les partenaires soucieux de la prise en compte des intérêts vitaux du Mali dans le respect de la souveraineté nationale et de la dignité du peuple malien. Enfin, le gouvernement appelle la population à rester sereine et vigilante et prend l’engagement que toutes les dispositions sont prises pour garantir la sécurité. 

S. Sidibé