Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga a représenté le président de la Transition au sommet des chefs d’État et de gouvernement du Mouvement des non-alignés qui s’est tenu du 19 au 23 janvier à Kampala en Ouganda.
Dans son discours, Abdoulaye Maïga a indiqué que ce sommet se tient dans un contexte marqué par la complexité des multiples défis auxquels les États font face. Selon lui, le Mali ainsi que plusieurs autres États du Sahel, suite à l’intervention militaire de l’Otan en Libye en 2011, ont été des victimes d’une approche cavalière de défense des intérêts nationaux, en dehors des cadres multilatéraux appropriés et en violation des règles internationales, entrainant une prolifération des activités criminelles des groupes terroristes et autres réseaux du crime organisé. Pour aider à relever ces défis sécuritaires imposés, il dira que le gouvernement du Mali a bénéficié de l’appui de la Communauté internationale qui s’est manifestée par le déploiement, en juillet 2013, de la Minusma. Après dix ans de présence, le ministre Maïga dira que les populations maliennes ont réalisé que les interventions militaires étrangères n’ont pas permis d’aider le pays à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire, ni à lutter contre les groupes terroristes. Au contraire, la situation sécuritaire s’était davantage détériorée, en dépit de la présence de forces internationales.
Tirant les conséquences de cet échec, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé, par la résolution 2690 du 30 juin 2023, à la demande du Mali, de retirer la Minusma à compter du 1er juillet. Le processus de retrait du personnel vient de se terminer le 31 décembre et la phase de liquidation est en cours, a expliqué le Colonel Abdoulaye Maïga. Pour lui, à ce jour, l’Armée malienne a récupéré et occupé les camps et autres emprises précédemment occupés par la Minusma malgré les attaques des groupes terroristes et de certains groupes armés signataires de l’Accord, mais qui se sont mués en acteurs terroristes.
Avec le retrait de la Mission, les Forces armées maliennes ont accentué leur action en vue du renforcement de la présence et de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, comme l’illustre le retour de l’Armée à Kidal le 14 novembre 2023, en dépit du scénario catastrophe que prédisaient, voire souhaitaient certains États, a ajouté le ministre Maïga.
Conscient que la seule réponse sécuritaire ne saurait suffire, il a fait savoir que le gouvernement a entamé la mise en œuvre d’une stratégie globale. A cet égard, dira-t-il, le président de la Transition a annoncé, dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel an, avoir pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-Maliens, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires. Pour le ministre Maïga, cette approche malienne fait suite à des approches similaires qui ont eu des résultats probants en Afrique.
Le Colonel Abdoulaye Maïga a dénoncé une entorse grave à l’usage diplomatique dont la délégation malienne a fait l’objet. Selon lui, en réaction au projet de document final, le chef de la diplomatie malienne « a formulé des amendements qui ont été refusés par je ne sais qui et au nom de je ne sais quoi ». Et malgré sa vive protestation lors de la conférence des ministres des Affaires Étrangères, la situation ne semble pas avoir évolué. « Rejeter les amendements d’un État membre sur un sujet qui concerne d’abord et avant tout cet État lui-même est un fait suffisamment grave qui alerte sur le danger qui guette notre organisation commune face aux velléités d’un pays d’imposer son agenda et s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres États », a insisté Abdoulaye Maïga. Selon lui, à défaut de prendre en compte les amendements du pays tels que proposés par le ministre des Affaires Étrangères, le Mali se dissocie totalement de la rédaction proposée et exige un retrait pur et simple du chapitre qui lui est consacré dans le projet de document final sur les résultats du sommet de Kampala. Le Colonel Maïga a proposé de revoir le fonctionnement du Mouvement. Selon lui, lorsqu’un chapitre porte sur un État membre, il est important d’obtenir par écrit son consentement ainsi que le pays qui est à l’origine du projet de chapitre. Abdoulaye Maïga soutient que les règles et les procédures ne peuvent pas être plus importantes que la souveraineté des États membres. « Sans changement de ces règles, il y a une forte probabilité de raser la tête d’un État membre en son absence et sans son consentement, ce qui ressemble à de la sorcellerie », a dit le Colonel Abdoulaye Maïga.
A. Sanogo