A cause de ses agissements sur le terrain à travers sa présence militaire, la France a perdu presque tout le Sahel après avoir été chassée du Mali, du Burkina Faso et récemment du Niger où elle a annoncé le retrait de ses troupes d’ici le 31 décembre.
Accueillie en héros au Mali suite à son intervention en janvier 2013 pour stopper l’évolution des djihadistes du nord vers le sud du pays, la France par ses agissements a fini par être perçue par les Maliens comme une force d’occupation à cause de sa façon de faire : actions unilatérales, opérations menées sans associer l’Armée malienne qu’elle était pourtant venue épauler dans la lutte contre le terrorisme, interdiction de l’Armée malienne d’entrer à Kidal après la libération des régions de Gao et Tombouctou. Ce qui a créé un sentiment anti-présence militaire française au sein de la population malienne manifesté à plusieurs occasions par des rassemblements pour demander le départ de la France. Les populations d’autres pays du Sahel ont fini par emboiter le pas au Mali. Agacé par cette situation, le président français Emmanuel Macron a, en janvier 2020, invité les chefs d’Etat du Sahel pour un sommet de la « clarification » à Pau en France. « J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions », avait indiqué le président Macron à l’adresse de ses pairs du Sahel. Après avoir brandi la menace d’un retrait des troupes françaises du Mali suite à la démission du président Bah N’Daw, l’état-major français va suspendre les opérations conjointes entre les troupes françaises et l’Armée malienne. Ensuite, le président Macron a annoncé, de façon unilatérale, la fin de l’opération Barkhane et la réorganisation du dispositif militaire français au Sahel à partir du Niger.
Face à cette situation, les autorités maliennes ont exprimé leur volonté de diversifier les partenaires dans la lutte anti-terroriste. A la tribune des Nations unies le 25 septembre 2021, le Premier ministre Choguel Kokalla a indiqué que « la nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, le conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autres partenaires… ». Par la suite, les autorités maliennes ont rompu les accords de défense avec la France, fustigeant les atteintes flagrantes de la part des forces françaises à la souveraineté nationale et de multiples violations de l’espace aérien malien pour des actions de soutien aux groupes terroristes.
A cause des agissements de la France, le Burkina Faso va aussi emboiter le pays au Mali. Après avoir obtenu le départ des forces spéciales françaises du dispositif Sabre, puis rompu les accords de défense et d’assistance militaire qui les liaient, le régime du Capitaine Ibrahim Traoré a décidé de rompre sa coopération militaire avec la France.
Après le Mali et le Burkina Faso, deux pays qui traversent des périodes de transition, les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum au Niger ont aussi dénoncé les accords de coopération qui existaient avec la France dans les domaines de la défense et de la securité. Et des milliers de manifestants ont, durant plusieurs jours, organisé des sit-in aux alentours des emprises de la force française au Niger pour exiger le départ des soldats français. Sous la pression de la rue et face à une situation de plus en plus intenable pour les militaires français, Emmanuel Macron a annoncé leur retrait du Niger au plus tard le 31 décembre prochain. La France est ainsi chassée des pays qui viennent de signer la charte du Liptako Gourma qui institue l’Alliance des Etats du Sahel(AES) couvrant une superficie de près de 2.782.238 km2.
S. Sidibé