Propos insultants contre le Mali et le Burkina Faso : Ce que le général nigérien Mahamadou Tarka doit savoir

Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux,  on voit  un général de l’Armée nigérienne se livrer à cœur joie à des propos insultants à l’endroit des autorités malienne et burkinabè. C’était à l’occasion  de la célébration de la fête de la Concorde commémorant la signature, le 24 avril 1995, des accords de paix entre le gouvernement nigérien et la rébellion armée. Lors de son intervention, le général Mahamadou Tarka dit Abou, président de la Haute autorité à la consolidation de la paix a accusé ouvertement les autorités du Mali et du Burkina Faso de s’être isolées de la communauté internationale. Selon lui, elles  ne reçoivent plus aucun soutien, ni militaire ni financier. « Elles se gargarisent de slogans creux et font la guerre à coups de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux. Le réveil n’en sera que plus douloureux », a-t-il dit. Selon le général Mahamadou Tarka,  le président de la République du Niger a fait le choix de faire appel à leurs alliés français, allemands, américains, italiens, espagnols. Mais aussi, à leurs alliés africains au sein de la Cedeao, de l’Union africaine, des Agences des Nations unies. 

Du côté du Burkina Faso, les autorités ont réagi. Selon l’Agence d’information du Burkina (AIB),Ouagadougou a jugé que le général nigérien, Mahamadou Tarka dit Abou, qui a dénigré la stratégie burkinabè de lutte contre le terrorisme, a « un besoin avéré de mise à niveau sur l’évolution du contexte sécuritaire actuel au Burkina Faso et dans le Sahel et sur l’histoire des deux pays ». Selon des sources diplomatiques, les autorités burkinabè sont convaincues que les propos de cet officier supérieur ne sauraient avoir la caution des frères nigériens qui à n’en pas douter, ne se reconnaitront ni à travers sa teneur, ni à travers le style utilisé. En rappel, souligne l’AIB, le général Mahamadou Tarka dit Abou, se félicitant de l’excellence de la coopération entre son pays et des chancelleries, a prédit le 24 avril 2023, un réveil douloureux au Burkina Faso et au Mali qui se sont détournés de certains partenaires dans la lutte contre le terrorisme.

Pour Ouagadougou, il s’agit du choix d’une gestion endogène de la sécurité du pays, à travers ses braves filles et fils, face à l’hydre terroriste.

Pour le moment,  il n’y a pas eu de réaction officielle sur ces déclarations de la part des autorités maliennes. Mais des voix se sont déjà  élevées pour remettre cet officier indélicat et qui traine des dossiers sulfureux à sa place. C’est le cas de Dr Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de Transition (CNT).

Le général Mahamadou Tarka dit Abou doit comprendre certaines choses. Il y a une réorientation des efforts des  pays occidentaux vers le Niger après que le Mali ait décidé de prendre son destin en main dans la lutte contre le terrorisme. Les autorités maliennes ont dénoncé les accords de coopération militaire avec la France et demandé le départ de l’Armée française après avoir réuni des preuves sur son soutien aux groupes terroristes. Le Mali a été suivi sur cette voie par le Burkina Faso qui a aussi dénoncé les accords de coopération militaire avec la France. Et depuis que ces deux pays ont décidé de prendre leurs destins en main en diversifiant leurs partenaires dans la lutte contre le terrorisme, les résultats sont palpables sur le terrain. Les Armées des deux pays montent en puissance et de nombreux terroristes sont neutralisés tous les jours. Les deux Etats voisins ont décidé de mutualiser leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme et de mener des opérations conjointes le long des frontières. Aujourd’hui, la peur a changé de camp.  

Substitut du Mali

Sur la question, Dr Aly Tounkara, expert défense et securité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S) a confié à l’Essor que les pays occidentaux conçoivent aujourd’hui le Niger comme une sorte de substitut du Mali. Le premier élément  qu’il avance à cet effet est qu’en réorientant ainsi leurs diplomatie et politique vers le Niger, ces pays espèrent non seulement contrer la poussée de l’influence russe dans le Sahel et dans le même temps, gêner d’autres puissantes montantes comme la Turquie ou l’Iran qui sont très présents dans le Sahel et le Niger en particulier.

Ce que le général Mahamadou Tarka dit Abou  omet de dire, c’est que  le Mali a demandé le départ de la France après avoir eu des preuves qu’elle collabore avec les entrepreneurs de la terreur. Il doit savoir que le Mali ne s’est jamais isolé. Il continue de coopérer avec des pays comme la Russie, la Chine, l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Angleterre pour ne citer ces pays, qui font partie de la communauté internationale. En Afrique aussi, le Mali continue à entretenir d’excellentes relations avec de nombreux pays. Seulement, le Mali a défini des principes qui gouvernent désormais ses relations avec les autres pays. Le général Mahamadou Tarka omet de dire aussi que le déploiement de l’Armée française et bien d’autres Armées au Niger n’est pas bien appréciée par une bonne  partie de l’opinion dont des personnalités politiques et pas des moindres.  Il omet également de dire qu’au sein de l’Armée nigérienne, il y a des voix discordantes  quant à la présence de ces Armées étrangères dans le pays. Ces pays occidentaux qu’il cite sont des partenaires qui sont tous du même bloc et tous du point de vue géopolitique contre la Russie. Or le Mali et le Burkina Faso ont clairement affiché leur attachement à la Russie en termes de partenariat sur le plan militaire et sécuritaire. C’est pourquoi, ces pays utilisent désormais le Niger comme base pour pouvoir maintenir leur présence au Sahel et tenter de contrer l’influence russe grandissante sur le continent africain.

La Nouvelle Voie du Mali