Me Cheick Oumar Konaré : « la dissolution des partis n’est pas juridiquement faisable sans réviser la Constitution »

Le célèbre avocat et ancien journaliste Me Cheick Oumar Konaré s’est prononcé sur les consultations des forces vives de la Nation pour la relecture de la Charte des partis politiques lors d’un débat sur Africable Télévision. Par ailleurs, il a livré son analyse sur le projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et de la Loi n°2015-007 du 04 mars 2015 portant Statut de l’opposition politique adopté par le conseil des ministres en sa séance du mercredi 30 avril dernier.

L’homme de droit a d’abord qualifié les assises de cinéma alors que dans la plus grande solennité et gravité, le peuple malien s’est doté d’une Constitution en 2023 promulguée par le Chef de l’Etat. Selon Me Cheick Oumar Konaré, lorsqu’une question relève du domaine règlementaire, le Président de la Transition prend des décrets et les ministres prennent des arrêtés. Et lorsqu’une question relève du domaine de la loi, elle est réglée par le Conseil national de Transition (CNT). Mais, lorsqu’il s’agit d’une question qui engage l’avenir de la Nation comme la dissolution des partis politiques, le Chef de l’Etat a le pouvoir de soumettre la question à referendum.

« Le vote du peuple par un Oui massif en faveur de la dissolution des partis politiques à travers un referendum est une réponse du peuple. En dehors de ce referendum, il n’y a pas de réponse et aucune fraction du peuple ne peut se prétendre représentant de ce peuple », a indiqué Me Konaré. D’après lui, même s’il y a 600 partis politiques, seuls quelques-uns vont émerger. Car les autres ne sont que de petites boutiques avec un récépissé et quelques articles que personne ne regarde. Pour lui, ils vont mourir de leur belle mort.

« Il faut laisser les partis vivre leur vie et mourir de leur belle mort. Les partis qui ont de l’importance vont continuer d’émerger », a ajouté l’avocat, qui dira que l’effet premier qu’il y a depuis qu’on a commencé à parler de cette dissolution des partis politiques est le fait qu’on voit une opposition se former, se rassembler et s’affirmer. Une centaine de partis se sont rassemblés pour parler d’une même voix, a rappelé Me Cheick Oumar Konaré, qui soutient que c’est une opposition qui n’existait même pas. Mais on est en train de la recréer, de lui donner des ailes et c’est très dangereux pour le pouvoir.

Après ces consultations, le gouvernement a adopté en conseil des ministres le mercredi 30 avril dernier, un projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et de la Loi n°2015-007 du 04 mars 2015 portant Statut de l’opposition politique. Me Cheick Oumar Konaré n’est pas resté indifférent face à cette décision. Il a écrit sur sa page Facebook que les partis ne seront pas dissous. Selon lui, le gouvernement a adopté un projet de loi destiné à abroger la loi portant Charte des partis politiques. Il dira que cette abrogation, contrairement à ce que craignaient beaucoup d’observateurs, n’entraîne pas une dissolution des partis. « Elle va seulement permettre d’élaborer une nouvelle Charte qui restreindra les conditions de création des partis et moralisera davantage leur fonctionnement », a-t-il expliqué, ajoutant que c’est d’ailleurs ce qu’a expliqué sur le plateau de la télévision nationale, le Directeur de l’Administration du territoire.

« En vérité, même si la dissolution des partis est demandée par une grande partie de l’opinion, elle n’est pas juridiquement faisable sans réviser la Constitution qui déclare que les partis se forment librement et que le multipartisme ne peut en aucun cas être remis en cause », a fait savoir Me Cheick Oumar Konaré, qui a salué la sagacité des autorités qui, en évitant une dissolution des partis, épargnent une crise inutile à un pays déjà durement éprouvé.

A. Sanogo