Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, vice-président en charge des questions de défense dans la première phase de la Transition, a été investi le 7 juin 2021. Trois ans après, que du chemin parcouru.
Depuis son investiture, le chef de l’Etat a fait de la sécurité, sa priorité. C’est ce qui motive la dotation des Forces armées maliennes (FAMa) en équipements ultramodernes pour qu’elles puissent assumer leur mission régalienne de défense du territoire et de sécurisation des personnes et de leurs biens. Cela a nettement changé la donne sur le terrain où les militaires maliens sont devenus plus combatifs et engrangent au quotidien des bons résultats dans la lutte contre le terrorisme.
Le chef de l’Etat a posé les bases de la refondation de l’Etat, s’est attelé à l’amélioration de la situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire avec l’équipement de l’Armée.
Son credo est la sécurisation du territoire national par les Forces armées maliennes sans interférence d’aucune force étrangère. C’est pourquoi, les forces étrangères présentes au Mali depuis des années et sans résultats palpables, ont été congédiées.
Départ des forces étrangères
Début juin 2021, les forces françaises ont décidé de suspendre leurs opérations conjointes avec les forces maliennes. Le 10 juin, le président français Emmanuel Macron annonce le départ progressif des 5.000 hommes de Barkhane au profit d’un dispositif allégé de 2 500 à 3000 hommes au Sahel.
Le 25 septembre, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies accuse la France « d’abandon en plein vol ». Il justifie ainsi la nécessité de « chercher d’autres partenaires ».
Fin janvier 2022, un second incident diplomatique accélère la rupture entre Bamako et Paris. Le Mali exige du Danemark le retrait immédiat de ses soldats récemment arrivés dans le cadre du groupement européen de forces spéciales Takuba. Les autorités maliennes au pouvoir affirment ne pas avoir consenti à ce déploiement.
A cause des propos irrespectueux de la part de Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères français d’alors, le 28 janvier 2022, les autorités maliennes décident d’expulser l’ambassadeur de France au Mali le 31 janvier 2022. Et le 18 février 2022, le Mali exige dans un communiqué un retrait « sans délai » des troupes françaises du sol malien. Le 2 mai 2022, le Mali rompt les accords de défense avec la France. Sous la pression, les dernières troupes françaises au Mali ont quitté la base militaire de Gao le 15 août 2022.
Après la Force française Barkhane, le gouvernement du Mali, par la voix du chef de la diplomatie malienne, a officiellement demandé le retrait de la Minusma. Le ministre Abdoulaye Diop l’a fait le vendredi 16 juin 2023 à New-York lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies convoquée pour l’examen du dernier rapport trimestriel du secrétaire général sur la situation au Mali.
Le retrait de la Mission onusienne s’est fait progressivement du 1er juillet au 31 décembre 2023. Certaines des emprises occupées par la Minusma ont été rétrocédées aux FAMa. Mais pour d’autres, la Mission a précipité son départ. Il a donc fallu que l’Armée malienne se batte pour pouvoir occuper ses emprises qui ont été laissées entre les mains de l’ennemi souvent avec du matériel de guerre. Les FAMa ont réussi à surmonter tous les obstacles dressés devant elles pour occuper aujourd’hui toutes les emprises précédemment sous le contrôle de la Minuma. L’Armée malienne a même signé son retour à Kidal le 14 novembre 2023 après plus de 10 ans d’absence. L’administration a déjà été déployée dans cette ville, épicentre de toutes les rebellions que le Mali a connues depuis son accession à l’indépendance. Un gouverneur y a été nommé et le retour des services de l’Etat se fait progressivement.
Avancées politiques
La tenue des Assises nationales de la refondation a permis d’ouvrir plusieurs chantiers dans le cadre de la refondation du pays. Sur la scène internationale, la diplomatie malienne s’affirme de plus en plus et impose le respect du Mali.
L’opérationnalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE), l’adoption d’une nouvelle Constitution qui fait basculer le Mali dans la 4ème République sont aussi des actions réalisées par le Colonel Assimi Goïta et son gouvernement. Il y a eu également l’adoption par le Conseil National de Transition (CNT) de deux textes majeurs qui vont changer les choses dans le secteur et augmenter substantiellement la part du Mali. Il s’agit du nouveau Code minier et le texte relatif au contenu local dans le secteur minier.
La relance des activités de la Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX), de l’Usine Malienne de Produits Pharmaceutiques (UMPP), des chemins de fer, la signature d’un Pacte de stabilité sociale et de croissance, la reforme de la justice pénale et la lutte contre la corruption, sont autant d’actions à mettre dans le bilan de trois ans du président de la Transition.
Toutefois, à côté de ces avancées à l’actif des autorités, il existe des situations qui divisent les Maliens. Il s’agit de la dissolution de plusieurs associations à caractère politique, la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Mais aussi, la crise énergétique. Le Mali vit aujourd’hui une crise énergétique sans précèdent. Depuis des mois, les Maliens souffrent et continuent de souffrir de cette crise qui s’est d’ailleurs aggravée depuis la fin du mois de Ramadan.
La société Energie du Mali (EDM-SA) peine à satisfaire ses clients malgré les grandes annonces faites il y a quelques mois par la ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou Camara sur le plateau de la télévision nationale. Aujourd’hui, les activités de plusieurs entreprises sont à l’arrêt et le chômage est en train de s’accentuer.
Sous le Colonel Assimi Goïta, le Mali a aussi pris d’importantes décisions à savoir son retrait de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger qui ont aussi quitté cette organisation au même moment que le Mali. Il y a également eu la nationalisation du processus de paix avec la fin de l’accord issu du processus d’Alger et l’organisation du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale.
Abdoul Sanogo