
Face au constat de son inapplicabilité et de sa violation répétée par les mouvements armés sous le regard passif et indifférent de la communauté internationale, garante de sa mise en œuvre, le gouvernement de la Transition a annoncé le jeudi dernier, la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger avec effet immédiat.
Avec cette décision du gouvernement, cet accord appartient désormais au passé. Et cette situation était prévisible depuis que les groupes armés du Nord ont relancé les hostilités dans le cadre de la reprise des emprises qui étaient occupées par la Minusma. Effet, il était convenu dans le cadre du retrait de la Mission onusienne qu’elle rétrocède à l’Armée malienne, tous les camps qu’elle occupait sur le territoire national à travers un calendrier bien défini. Cette rétrocession n’était pas du goût des groupes armés séparatistes et leurs alliés terroristes qui régnaient en maitres dans plusieurs localités du Nord du pays, faisant subir toutes sortes d’abus aux populations. Les groupes armés ont violé l’Accord de cessez-le-feu signé le 23 mai 2014 en menant plusieurs attaques contre les positions de l’Armée malienne dans le cadre de sa progression pour occuper ces camps. Ils les ont même revendiquées. Mais rien n’a arrêté les Fores armés maliennes (FAMa) qui ont progressé contre vents et marées pour rentrer jusqu’à Kidal le 14 novembre dernier. Cette rentrée triomphale des FAMa à Kidal a été suivie par le redéploiement de l’Administration et les services sociaux de base pour les populations, marquant ainsi le retour de Kidal dans le giron du Mali.
L’occupation de l’ensemble des emprises qui étaient occupées par la Minusma a aussi marqué le retour de l’Armée malienne dans de nombreuses localités qui échappaient au contrôle de l’Etat. Cela marque aussi un pas important dans la reconquête de l’intégrité territoriale. Déjà, le 24 février 2023, dans une lettre adressée au chef de la diplomatie algérienne, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation faisait des observations sur le rôle de la médiation internationale et les cas de violations de l’Accord par certains mouvements. Le Colonel-major Ismaël Wagué avait dénoncé plusieurs violations de cet Accord qui n’ont donné lieu à aucune condamnation de la médiation internationale dont l’Algérie est le chef de file. Face à cette situation, le chef d’Etat, le Colonel Assimi Goïta, dans son adresse à la nation à l’occasion du nouvel an, a annoncé avoir pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes les chances à un dialogue direct inter-Maliens, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires. Cette décision du président Assimi Goïta était déjà une remise en cause de l’Accord. C’est finalement le jeudi 25 janvier que le gouvernement a officiellement annoncé la fin de l’Accord par le biais d’un communiqué. Le gouvernement y a dénoncé le changement de posture de certains groupes signataires de l’Accord pour la paix devenus des acteurs terroristes et poursuivis par la justice malienne après avoir commis et revendiqué des actes terroristes. Il a souligné l’incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires malgré les plaintes formulées par le gouvernement à travers la lettre du ministre en charge de la Réconciliation et de la Paix en date du 24 février 2023, adressée aux autorités algériennes. Par ailleurs, le gouvernement a dénoncé les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’Accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le pays est le chef de file de la médiation. C’est au regard de ces faits suffisamment graves que le gouvernement qui constate l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix signé en 2015, a annoncé sa fin avec effet immédiat.
F. Sissoko