Expansion du terrorisme en Afrique de l’Ouest : Après le Mali, le Burkina et le Niger, le Benin victime de l’inertie de la Cedeao

Après le Mali, le Burkina et le Niger, les groupes armés terroristes sont en train d’étendre leur présence à d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est le cas du Bénin victime d’une attaque terroriste qui a couté la vie à plus d’une cinquantaine de soldats le 17 avril dernier. Le gouvernement béninois a confirmé mercredi, le décès de 54 soldats dans des attaques coordonnées menées par des groupes armés dans les régions du Nord du pays.

Le Benin tout comme le Mali, le Niger et le Burkina sont ainsi victimes de l’inertie de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors que lors d’un sommet extraordinaire de cette organisation élargie au Tchad et à la Mauritanie sur la lutte contre le terrorisme à Ouagadougou en 2019, les chefs d’Etat s’étaient retrouvés pour réfléchir sur une approche concertée pour mieux affronter les menaces sécuritaires en Afrique de l’Ouest et au-delà.

Dans son discours, le Président burkinabè de l’époque, Roch Marc Christian Kaboré avait prévenu que les menaces directes ou indirectes transcendent les frontières et désormais, aucun pays n’est à l’abri d’attaques terroristes. Selon lui, le constat après les attaques terroristes au Burkina, au Mali, au Niger, au Tchad, à Grand-Bassam en Côte-d’Ivoire et au Benin avec l’enlèvement de deux Français et l’assassinat d’un guide, est que les groupes terroristes étendent leur rayon d’action.

Au regard de la gravité de la situation et de sa complexité, le Président Kaboré avait estimé que la coopération entre Etats ne se pose plus en termes de devoir de solidarité mais bien comme un impératif d’intérêt commun. A l’issue de ce sommet, la conférence des Chefs d’Etat s’était dite préoccupée par l’expansion des attaques terroristes dans la région, affirmant l’impérieuse nécessité pour la Cedeao d’assurer le leadership de la lutte contre le terrorisme dans la région et de coordonner les multiples initiatives multinationales dans ce sens en Afrique de l’Ouest.

Promesse sans lendemain

La conférence des Chefs d’Etat avait également adopté un plan d’action prioritaire sur la période 2020-2024 articulé autour de huit axes portant, entre autres, sur la mutualisation des efforts et la coordination de l’initiative de lutte contre le terrorisme, le renforcement des actions menées par la force conjointe du G5 Sahel et par la force multinationale mixte du Bassin du Lac Tchad ainsi que l’initiative d’Accra, le principe d’une implication de la force en attente de la Cedeao dans la lutte contre le terrorisme, le partage de renseignements au niveau des Etats, la numérisation des données criminelles, judiciaires et administratives, la création de système automatisé d’identification des empreintes digitales, la mise en place d’un système sécurisé de transmission de données. La conférence avait également décidé de contribuer financièrement et de manière urgente aux efforts communautaires de lutte contre le terrorisme. A cet effet, la décision avait été prise de mobiliser 1 milliard de dollar (plus de 500 milliards de F CFA) en invitant la Mauritanie et le Tchad à se joindre aux initiatives de financement de la Cedeao en vue d’actions opérationnelles conjointes.

L’une des raisons évoquées par le Mali, le Burkina et le Niger pour leur décision de retrait de la Cedeao est le fait que l’organisation n’a pas porté assistance aux trois Etats dans le cadre de la lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité. Face à l’inertie de cette organisation, la menace terroriste est en train de se répandre en Afrique de l’Ouest. C’est le cas du Benin qui a connu ces dernières années plusieurs attaques terroristes. Les autorités béninoises avaient fait état en avril 2023, d’une vingtaine d’incursions transfrontalières depuis 2021. Le 8 janvier dernier, les groupes armés terroristes ont lancé une attaque qui a couté la vie à au moins 28 soldats béninois dans le Nord du pays, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso.

La dernière attaque, celle du 17 avril dernier et qui a couté la vie à une cinquantaine de soldats béninois, est la preuve que les groupes terroristes sont désormais présents et actifs dans ce pays.

A. Traoré