Sous le feu des critiques des populations et des médias à cause de la crise énergétique que traverse le pays depuis quelques temps et qui s’est aggravée, le ministère de l’Energie et de l’Eau à travers sa chargée de communication a tenté un coup de communication en décembre dernier. Plusieurs mesures avaient été annoncées pour améliorer la fourniture de l’électricité. Mais les populations attendent toujours.
Dans ses explications, la chargée de communication avait annoncé des mesures au niveau de la fourniture et de la gestion des combustibles pour mettre fin à la crise énergétique qui paralyse certains secteurs et même des services publics. Il s’agit de la réduction drastique du nombre pléthorique de fournisseurs de carburants. De ce fait, des sociétés ont été identifiées pour assurer l’approvisionnement correct et ininterrompu de l’EDM en combustibles.
Selon le département en charge de l’Energie, le choix de ces sociétés s’explique par leur constance actuelle dans la fourniture de carburant à EDM mais aussi leurs grandes capacités d’importations d’hydrocarbures puisque le besoin journalier de la société est estimé à plus d’un million de litres de carburant. Ces sociétés évoluent désormais avec EDM à travers un contrat suffisamment clair dont les deux parties tirent profit. D’après le département de Mme Bintou Camara, cette mesure constitue une réponse adéquate aux multiples problèmes révélés par les enquêtes concernant le vol de carburant et même la disparition des stocks. Dans le cadre de l’approvisionnement des centrales, le ministère de l’Energie et de l’Eau a annoncé qu’un système de contrôle et de suivi du dépotage est en cours d’être mis en place. Aussi, des mesures de suivi et de sécurisation des citernes destinées à EDM ont été mises en place. Ainsi, les citernes seront désormais escortées de la douane à Balingué par des militaires qui assisteront également aux dépotages complets des stocks avant leur dispatching. Selon le département, l’opération de vérification enclenchée par la ministre de l’Energie et de l’Eau suit son cours et concerne la gestion financière, comptable et matérielle. Pour ce qui concerne les sanctions, le département avait indiqué que des dossiers ont été déjà transmis aux services judiciaires et d’investigations et leur saisine concernant d’autres dossiers se poursuit.
Processus de stabilisation
Le ministère avait aussi annoncé que le processus de stabilisation de la fourniture d’électricité au citoyen est engagé et se consolidera au fur et à mesure que l’approvisionnement de combustibles notamment, le fuel lourd, s’accroitra. Pour le ministère, la dotation des trois plus grandes centrales en fuel est un changement fondamental qui permettra d’améliorer l’efficacité et la fourniture d’électricité tout en rationalisant les besoins de combustibles de ces centrales et dépenses liées. Par ailleurs, le département avait annoncé la reprise des travaux de réhabilitation des centrales hydroélectriques de Sélingué et de Sotuba tout en précisant que Sotuba est totalement à l’arrêt depuis plus de 5 ans et Sélingué connait une baisse drastique de production depuis quelques années, faute d’entretien.
Le ministère de l’Energie et de l’Eau avait, par ailleurs, indiqué que grâce à l’esprit de solidarité gouvernementale et à la collaboration intelligente avec la ministre en charge de la Santé, des dispositions spécifiques ont été prises pour autonomiser les hôpitaux et les grandes structures sanitaires du pays. Dans ce cadre, les hôpitaux ainsi que les grandes structures sanitaires déjà dotés de groupes électrogènes ont été approvisionnés en carburant pour assurer leur plein fonctionnement. En outre, le ministère de l’Energie et de l’Eau dit avoir initié un projet d’acquisition urgente auprès des pays partenaires stratégiques de batteries « Intelligent Power-M », avec des puissances de 2,5 à 15 kWh pour apporter une réponse immédiate et coordonnée aux besoins énergétiques pressants des usagers productifs raccordés au réseau électrique interconnecté. Il s’agit, entre autres, des couturiers, coiffeurs, menuisiers, meuniers, boutiquiers, soudeurs, électriciens et autres artisans évoluant dans le secteur informel, qui contribuent au développement socioéconomique du pays et surtout à la réduction du chômage et qui connaissent aujourd’hui un ralentissement à cause des coupures intempestives.
Après l’annonce de ces mesures, les populations attendent toujours. Elles devront encore attendre combien de temps pour que cette crise énergétique inédite devienne un vieux souvenir ? C’est la question qui taraude aujourd’hui les esprits.
Abdoul Sanogo