Face auxcoupures intempestives d’électricité dont la situation s’est empirée ces derniers temps, la ministre de l’Energie et de l’Eau Mme Bintou Camara a accordé une interview à la télévision nationale où elle fait le diagnostic de la situation et annoncé des mesures pour l’amélioration de la fourniture en électricité.
Parlant des raisons de la dégradation de la fourniture de l’électricité à l’EDM, la ministre a expliqué que le manque de rigueur dans la gestion a entrainé le déficit de production. Mme Bintou Camara a révélé que la société dans sa gestion, a minimisé et même laissé tomber tout ce qui est hydro-électricité et le solaire et s’est mise dans le thermique qui utilise beaucoup de carburant surtout le fioul et le gasoil.
« La société a délaissé le fioul malgré que les deux grosses centrales de Sirakoro et de Balingué doivent fonctionner au fioul, au profit du gasoil », a-t-elle souligné. Selon elle, les contrôles menés ont prouvé que quand le fioul est fourni, c’est EDM uniquement qui l’utilise et il n’y a pas de fraude possible. Alors que pour le gasoil, il y a à boire et à manger. La ministre a révélé que le gasoil qui vient est exonéré par l’Etat, mais le constat est que les ruptures sont souvent provoquées par les agents d’EDM eux-mêmes. « Quand les citernes arrivent, tout est centralisé à la centrale de Balingué et c’est à partir de là qu’il y a un dispatching vers les autres centrales surtout à Bamako et dans les régions », a expliqué la ministre Camara. Elle déplore que quand ces citernes arrivent, elles sont enregistrées. Mais quand on fait le dispatching, en cours de route, il y a des citernes qui disparaissent.
Pour corroborer ses propos, elle dira qu’enquatre jours seulement, 59 citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako. D’après la ministre, ce carburant volé est souvent revendu dans certaines stations de la place ou à des industries moins cher. Une autre révélation que la ministre Bintou Camara a faite c’est qu’il y a également du vol au niveau de la facturation d’EDM. « Quand un fournisseur livre une citerne de 45.000 litres, il y a un récépissé de réception qui est signé par les agents et par le chauffeur. Au lieu de faire une seule facture par rapport à ce récépissé, on a retrouvé deux à trois factures liées à un récépissé et toutes ces factures sont payées au même fournisseur », a détaillé la ministre, qui dit avoir constaté aussi qu’au niveau de la facturation, chez un seul fournisseur, sur deux mois de contrôle, il y a 1,6 milliards de FCFA de facturation supplémentaire. Et chez un deuxième fournisseur, pour seulement l’année 2022, le contrôle a permis de déceler 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards de FCFA surfacturés. Mme Bintou Camara précise que cette situation concerne seulement deux fournisseurs alors que la société EDM-SA en compte 800 à qui elle doit plus de 600 milliards de FCFA.
Pour la bonne marche de la fourniture d’électricité, la ministre a annoncé la mise en place de contrats de management du carburant. « Nous avons commencé par le fioul qui doit être utilisé dans les deux grosses centrales de Balingué et de Sirakoro », a indiqué la ministre Camara, ajoutant qu’EDM va revenir au fioul qu’elle avait arrêté d’utiliser. Pour elle, cela permettra de diminuer les coupures intempestives. La ministre de l’Energie et de l’Eau a aussi révélé qu’il y a des problèmes financiers au niveau de la société. D’après elle, il y a beaucoup de pertes au niveau des recettes. A ce propos, elle dira qu’il faut arriver à mobiliser entièrement les recettes dans les agences. Car toutes les factures que les clients payent dans ces agences ne sont pas encaissées par EDM.
Après la sortie médiatique de la ministre, le syndicat des agents de la société a organisé une assemblée générale suivie d’une conférence de presse. Les syndicalistes qui ont dit leur part de vérité ont battu en brèche certaines révélations de la ministre. Après le diagnostic du mal dont souffre la société, les Maliens attendent toujours la thérapie de choc pour en finir avec les problèmes dans la fourniture d’électricité. Les coupures des jours qui ont suivi les annonces de la ministre prouvent que les Maliens devront encore prendre leur mal en patience et que la fin de leur supplice n’est pas pour demain.
F. Sissoko