Lors du sommet extraordinaire tenu à Accra le dimanche dernier, les chefs d’Etat de la Cedeao ont examiné l’évolution de la situation politique au Mali et en Guinée.
Concernant la Guinée, la Cedeao a réaffirmé son exigence pour la libération sans condition du président Alpha Condé. Elle a pris note des derniers développements intervenus notamment l’adoption de la Charte de la Transition, la nomination d’un Premier ministre civil et la formation d’un gouvernement. L’organisation a encouragé les autorités guinéennes à soumettre rapidement un chronogramme détaillé d’activités à entreprendre dans le cadre de la Transition en vue d‘assurer la tenue d‘élections conformément aux décisions issues du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement tenu le 16 septembre 2021. La conférence a décidé de maintenir la suspension de la Guinée de toutes les instances de la Cedeao, outre l’interdiction des voyages et le gel des avoirs financiers des membres du CNRD et leurs familles jusqu’à la restauration de l‘ordre constitutionnel. Les chefs d’Etat ont décidé de la nomination de Dr Mohamed Ibn Chambas comme envoyé spécial de la Cedeao en Guinée dans le but de renforcer le dialogue avec les autorités de la Transition et de favoriser la réussite du processus de transition dans les plus brefs délais.
En réponse à ces décisions, le Colonel Mamadi Doumbouya a écrit au président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo. Il dit avoir pris connaissance des décisions issues de ce sommet sur la situation en Guinée et au Mali. Concernant son pays, le Colonel Mamadi Doumbouya dit avoir noté la reconnaissance des avancées enregistrées dans le déroulement du processus de transition. Il a réitéré son engagement à tout mettre en œuvre pour poursuivre le processus de manière inclusive et concertée conformément aux dispositions de la Charte de transition servant de Constitution provisoire. Mais aussi, la disponibilité de son gouvernement à entretenir un dialogue constant et une coopération étroite avec la Cedeao durant cette phase cruciale de la vie de la nation.
Toutefois, le Colonel Mamadi Doumbouya a estimé que la nomination d’un envoyé spécial ne lui parait ni opportun, ni urgent dans la mesure où aucune crise interne de nature à compromettre le cours normal de la transition n’est observée. Selon lui, la mise en place des organes se déroule comme prévu dans un climat apaisé et en parfaite symbiose avec les forces vives du pays. Enfin, le chef d’Etat guinéen s’est dit disposé à recevoir les missions ponctuelles de la commission de la Cedeao pour travailler avec le gouvernement sur les axes d’accompagnement technique en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal.
A travers cette lettre adressée au président en exercice de la Cedeao, le message du chef d’Etat guinéen est clair : la Guinée n’est pas prête à accueillir un envoyé spécial de la Cedeao sur son territoire. Ce pays voisin ne souhaite certainement pas connaitre le même sort que le Mali où le représentant spécial de la Cedeao Hamidou Boly était accusé « d’agissements incompatibles avec son statut ». Selon le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop, le représentant spécial de la Cedeao s’était « engagé avec des groupes, des individus du monde politique, de la société civile et même de la presse qui entreprennent des activités hostiles à la transition et qui ne cadrent pas du tout avec sa mission ». Déclaré ’’persona non grata’’ par le gouvernement le 25 octobre dernier, 72 heures lui avaient été accordées pour quitter le territoire du Mali.
La Nouvelle Voie du Mali