Dans cette interview, Assitan Coulibaly, la plus jeune candidate admise au dernier concours des auditeurs de justice à 21 ans retrace son cursus scolaire. Elle parle aussi de sa formation de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao) dont le diplôme lui a ouvert les portes de la magistrature.
La Nouvelle Voie du Mali : Vous êtes la plus jeune admise au dernier concours des auditeurs de justice. Quels sentiments vous animent après cet exploit ?
Assitan Coulibaly : Je suis assez contente, fière de ce que j’ai pu faire jusque-là parce qu’il y a beaucoup de gens sur mon parcours que j’ai eu à rencontrer, qui me disaient que je suis trop jeune pour ceci, trop petite pour cela. Je n’ai pas tenu compter de tout ce qu’ils ont dit et j’ai continué sur ma voie. Et voilà qu’aujourd’hui, je suis la plus jeune candidate admise au concours des auditeurs de justice.
La Nouvelle Voie du Mali : Vous êtes issue de l’Ucao. Parlez-nous un peu de votre cursus scolaire, de la formation que vous y avez suivie et de la qualité de cette formation.
Assitan Coulibaly : Avant l’Ucao, j’ai fréquenté plusieurs écoles. J’ai fait la maternelle dans une école à Sevaré dans la région de Mopti qui s’appelle Flamboyant. Après, quand je suis venue à Bamako, j’ai été inscrite dans une école privée qui s’appelle Pingouin à Niomirambougou. Ensuite, je suis allée dans une autre école à partir de la 5ème année. Puis, j’ai fait mon lycée au collège Horizon actuellement école Maarif. Ce sont les différents établissements que j’ai fréquentés avant de venir à l’Ucao où j’ai suivi la formation en sciences juridiques de la Licence 1 jusqu’à la Licence 3. Après, j’ai commencé le Master en droit privé avec lequel, j’ai fait le concours. La qualité de la formation est l’une des raisons pour lesquelles, je suis restée à l’Ucao. La qualité est là, nous avons d’excellents professeurs.
La Nouvelle Voie du Mali : Pourquoi avez-vous choisi l’Ucao pour vous former ?
Assitan Coulibaly : Je n’ai pas choisi l’Ucao. A la base, quand j’ai eu mon baccalauréat, j’avais le choix entre la France et le Canada. Et j’attendais le visa. Entre temps, les parents m’ont inscrite dans cette université juste le temps d’attendre. Quand j’ai commencé les cours et à reconcentrer les différents professeurs, j’ai été assez séduite par la qualité et la stabilité des cours. J’ai donc décidé de rester finalement à l’Ucao et de continuer ma formation.
La Nouvelle Voie du Mali : Avant votre admission au concours des auditeurs de justice, vous avez remporté des prix. Parlez-nous des différentes compétitions auxquelles vous avez participé.
Assitan Coulibaly : A partir de la Licence 3, j’ai commencé à participer à des compétitions. La première, c’était une compétition en culture générale juridique qui était organisée par l’Usaid dans le cadre d’un de ses projets dénommé « Mali Justice Project ». A cette compétition, j’étais en équipe et nous avons fini deuxièmes. Ensuite, au cours de la même année, j’ai participé à deux autres compétitions notamment « à vous maitre » et le concours international « génies en herbe Ohada ». « A vous maitre » est une compétition qui est organisée par une association qui est devenue aujourd’hui une ONG et qui s’appelle la Trijeud-Mali. Cette fois, au lieu de la culture générale, c’était une compétition de plaidoiries et de réquisitoires. En gros, sur les candidats qui postulent, 16 sont retenus et sont enrôlés dans une formation d’une semaine à la fin de laquelle, il y aura des joutes oratoires en droit. Les candidats s’affrontent en tant que procureurs et avocats. On soumet les candidats à des cas fictifs qu’ils défendent selon qu’ils soient procureurs ou avocats. A la suite de cette compétition, j’ai été lauréate et c’était la 6ème édition. Par la suite, il y a eu le concours international « génies en herbe Ohada » qui a été organisé la même année. Nous sommes allés à Yaoundé pour représenter le Mali. Et nous avons ramené le premier trophée du Mali depuis sa première participation. C’était la 14ème édition de cette compétition et la 11ème participation du Mali et nous avons remporté le premier trophée moi et mon équipe.
La Nouvelle Voie du Mali : Quels conseils donnerez-vous à ceux qui pensent que les admis aux concours sont connus d’avance après votre admission à celui des auditeurs de justice ?
Assitan Coulibaly : Je dirai qu’il y a certaines personnes, j’aurai donné ma main à couper qu’elles seraient admises à ce concours tout simplement parce qu’elles sont compétentes, je les ai vu à l’œuvre et leur résultat ne me surprend pas. Tout comme certains pourraient aussi dire que mon résultat ne les surprend pas. Mais je vois bien le sens de ce que les gens disent quand ils soutiennent que les admis aux concours sont connus d’avance. C’est parce qu’ils pensent qu’il y a la corruption, qu’on achète les places. En ce qui me concerne, j’en connais plein qui n’ont aucune relation, qui ne connaissent personne et qui sont venus de leurs villages et ont passé à ce concours l’année passée. S’ils l’ont eu, cela veut dire que n’importe qui peut l’avoir à condition de travailler. C’est d’ailleurs ce qui m’a donné le courage de tenter ma chance et cela a marché.
Propos recueillis par Fily Sissoko