Le gouvernement de la Transition a annoncé le mercredi 10 avril dernier, la suspension des activités des partis politiques et celles à caractère politique des associations jusqu’à nouvel ordre sur toute l’étendue du territoire national. Cette suspension a eu lieu à trois jours du début des assises du dialogue inter-Maliens dont la phase communale s’est tenue du 13 au 15 avril.
En effet, sur le rapport du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le conseil des ministres a adopté un projet de décret portant suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations.
Par la suite, le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta a pris le décret n°2024-0230/PT-RM du 10 avril 2024 portant suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations pour raison d’ordre public jusqu’à nouvel ordre, sur toute l’étendue du territoire national.
Cette suspension est intervenue alors que quelques jours avant, dans le cadre des préparatifs, le comité de pilotage de ce dialogue dirigé par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga avait rencontré l’ensemble des forces vives de la nation dont les partis politiques, pour solliciter leur accompagnement pour la réussite de ces assises.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga et d’autres collègues notamment le Colonel-major Ismaël Wagué, Ibrahim Ikassa Maïga et Mme Fatoumata Sékou Dicko avaient pris part à cette rencontre.
Dans son intervention, le président du comité de pilotage avait clairement indiqué qu’ils ont besoin de la participation, de l’implication et de l’accompagnement des partis politiques pour la réussite de ce dialogue. A ce propos, Ousmane Issoufi Maïga avait rappelé une citation de Vaclav Havel, ancien chef d’Etat de l’ex-Tchécoslovaquie qui disait que « les partis politiques sont une sorte d’aboutissement de l’activité associative. On ne peut guère imaginer le fonctionnement d’une société démocratique sans eux ». Pour l’ancien Premier ministre, ce dialogue doit être le cadre idéal pour débattre de tout dans la franchise, la loyauté et la vérité et pour un véritable apaisement dans le pays.
« Nous savons que vos démembrements sont partout sur le territoire national c’est-à-dire les communes, les régions, dans toutes les collectivités où le dialogue inter-Maliens se déroulera, à l’extérieur du Mali où les Maliens résident », a soutenu le président du comité de pilotage, qui a sollicité l’appui des partis politiques pour passer le message en vue de contribuer à une inclusivité réelle du processus.
Pour sa part,le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avait indiqué que le dialogue inter-Maliens est la volonté du chef de l’Etat de laver le linge sale en famille. Selon le Colonel Abdoulaye Maïga, ce dialogue est précédé d’autres dialogues et initiatives de réconciliation et de paix qui n’ont pas eu les effets escomptés. Selon lui, « la perte de plus de la moitié de notre territoire national en 2012 nous rappelle sans cesse la nécessité de nous retrouver entre nous ». Aussi, il dira que la fin de l’Accord issu du processus d’Alger en janvier dernier « nous oblige à nous accrocher avec l’énergie du désespoir à cette initiative salvatrice du dialogue direct inter-Maliens ». Le Colonel Maïga s’était associé à l’appel solennel lancé par Ousmane Issoufi Maïga aux partis politiques, de mobiliser leurs militants. Il a indiqué qu’il y a plus de 293 partis politiques au Mali. « Vous êtes une force très importante de proposition. Nous avons besoin de vos idées, remarques, observations pour sceller définitivement la paix au Mali et sortir du cycle peu reluisant de violence qui a fait suffisamment de mal », avait déclaré le Colonel Abdoulaye Maïga devant les responsables et représentants des partis politiques.
Après la suspension de leurs activités, plusieurs formations politiques surtout les plus représentatives ont appelé leurs militants à ne pas participer à ces assises. C’est l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. Ce dialogue étant une activité hautement politique, les partis politiques dont ceux qui revendiquent le retour à l’ordre constitutionnel et l’organisation des élections auraient pu dégager une position commune. Une position qu’ils auraient pu défendre d’une même voix à travers leurs représentants à ce dialogue. Mais en optant pour la politique de la chaise vide, ils donnent ainsi l’occasion à d’autres personnes de décider à leur place.
S. Traoré