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𝐎𝐼𝐩𝐹𝐼 𝐁erthĂ© affectueusement appelĂ©e DickorĂš, artiste-comĂ©dienne est dĂ©cĂ©dĂ©e le lundi 22 avril des suites d’une longue maladie. Ses obsĂšques ont eu lieu le mardi Ă  SĂ©bĂ©nikoro chez son Ă©poux. Elle repose dĂ©sormais au cimetiĂšre de Lafiabougou. Pour lui rendre hommage, nous vous proposons une de ses interviews publiĂ©es dans le journal le Tjikan en octobre 2016. Elle y retrace son parcours.

Oumou Berthé dite DikorÚ : Du théùtre à la communication

Oumou BerthĂ© plus connue par les Maliens sous son nom de scĂšne DikĂŽrĂš est une artiste- comĂ©dienne qui n’est plus Ă  prĂ©senter. Dans un entretien qu’elle nous a accordĂ©, elle nous parle de son parcours, de sa carriĂšre et de ses projets d’avenir. Lisez plutĂŽt.

Le Tjikan : Qui est Oumou BerthĂ© ?

Oumou BerthĂ© : Je suis la fille de feu Bakary BerthĂ© et de Djeneba Diarra. J’ai fait mon premier cycle Ă  SĂ©gou avant de faire le second cycle et mes Ă©tudes secondaires au niveau de l’Institut National des Arts (INA) Ă  Bamako. Quelques annĂ©es aprĂšs, j’ai eu la fonction publique en tant que bibliothĂ©caire. J’étais Ă  la bibliothĂšque de l’ENSUP. C’est de lĂ -bas que j’ai pris l’initiative de continuer mes Ă©tudes. J’ai fait le concours d’entrĂ©e Ă  la FLASH. J’ai fait les quatre ans et je suis sortie comme metteur en scĂšne.

Pourquoi le nom DikĂŽrĂš vous colle tant Ă  la peau ?

Le nom DikĂŽrĂš est venu lors d’une crĂ©ation avec l’ONG Femme et dĂ©veloppement qui Ă©tait affiliĂ©e Ă  la CMDT dans le temps. On nous a donnĂ© un sketch dans lequel, j’ai jouĂ© le rĂŽle de DikĂŽrĂš. AprĂšs Dougoutigui du nom de Seydou TourĂ© qui se trouve Ă  l’ORTM avec son groupe m’a donnĂ© le nom de DikorĂš car pour lui, avec le rĂŽle d’une femme peulh que je devrais jouer, ce nom me conviendrait bien. C’est comme ça que j’ai pris ce nom de scĂšne.

Ces derniers temps, on ne vous voit plus trop dans les piĂšces de thĂ©Ăątre, qu’est ce qui explique cela ?

C’est simple. A cause de la situation du pays, les partenaires ont fui. Aussi, avec la conjoncture, on a plus de crĂ©ations en dehors du Mali comme avant. Sinon, avant, on avait beaucoup de crĂ©ateurs qui venaient au Mali avec qui on faisait des crĂ©ations ensemble et qu’on partait jouer en dehors du Mali. Avec les sketchs aussi, les conditions ont changĂ©. Il y’a aussi le problĂšme de temps qu’il faut prendre en compte car parfois, je ne suis pas disponible.

Aujourd’hui, on vous retrouve plus Ă  la radio rurale, est-ce Ă  dire que vous avez arrĂȘtĂ© le thĂ©Ăątre ?

Ce n’est pas un changement de mĂ©tier car un artiste, mĂȘme Ă©tant Ă  la radio peut travailler. Mais, s’il n’y a pas de crĂ©ation, cela n’est pas possible. En dehors de cela aussi, il faut laisser les jeunes s’épanouir, les aider, leur donner leur chance et leur permettre de travailler dans de bonnes conditions.

La radio, c’est autre chose. J’étais Ă  la culture et j’ai bifurquĂ© Ă  la communication. J’ai choisi la radio pour un certain nombre de raisons. En tant qu’artiste-comĂ©dienne, je voulais dĂ©couvrir le Mali profond. Et ma venue Ă  la radio m’a permis de connaitre mon pays. Je suis Ă  la radio rurale depuis 2014.

Pour de nombreux jeunes comĂ©diens, vous ĂȘtes une rĂ©fĂ©rence, quels conseils leur donnerez-vous ?

Je leur dirai de travailler car seul le travail paye. Le mĂ©tier d’artiste, de comĂ©dien est un mĂ©tier trĂšs dĂ©licat. Il faut savoir convaincre le public, savoir parler, savoir se conduire, en un mot, il faut ĂȘtre exemplaire dans tout ce que l’on fait. Et c’est le seul secret pour ĂȘtre un bon artiste.

Quelle a Ă©tĂ© votre plus grande satisfaction dans votre mĂ©tier d’artiste-comĂ©dienne ?

Ma plus grande satisfaction en dehors du pays, c’est qu’un grand metteur en scĂšne français qui Ă©tait le directeur du thĂ©Ăątre d’Angers m’a beaucoup aidĂ© et encouragĂ© dans tout ce que je faisais. Je ne sais pas ce qu’il a trouvĂ© en moi mais, mĂȘme en dehors du travail, il me donnait des conseils et me guidait. Et il m’a fait tourner en France durant deux ans. Cela est ancrĂ© en moi et je ne l’oublierai jamais. Il a arrĂȘtĂ© avec le thĂ©Ăątre comme il est parti Ă  la retraite, mais on est contact et on se donne toujours des directives. Mais, j’ai virĂ© dans la communication.

Quelle est votre plus grande dĂ©ception ?

Ma plus grande dĂ©ception est que dans ce pays, on a tuĂ© le thĂ©Ăątre. Le dĂ©veloppement d’un pays dĂ©pend de sa culture. Je ne l’ai pas inventĂ©. Les exemples parfaits sont la Chine, les Etats-Unis. Tout pays se dĂ©veloppe Ă  travers sa culture et le thĂ©Ăątre fait partie sinon l’élĂ©ment clĂ©. On ne peut pas tout dire Ă  un peuple, un Ă  responsable. Mais c’est Ă  travers le thĂ©Ăątre qu’on peut changer les choses. On demande un changement de comportement dans ce pays alors que c’est Ă  travers le thĂ©Ăątre qu’on peut changer les choses, les comportements. On peut aider les gens Ă  changer dans le plaisir, dans la joie. Et cela se passe par le thĂ©Ăątre.

De quoi souffre aujourd’hui le thĂ©Ăątre malien ?

Le thĂ©Ăątre souffre aujourd’hui des responsables. Sinon, les artistes-comĂ©diens devraient ĂȘtre Ă©paulĂ©s par le gouvernement. Il y’a des stratĂ©gies, des rencontres communales, rĂ©gionales. Mais on a tout laissĂ© tomber. Il n’y a pas de financement pour le thĂ©Ăątre. On fait le thĂ©Ăątre aujourd’hui parce qu’on a le plaisir de le faire. Mais avec tout ça, on n’a mĂȘme pas d’endroit oĂč faire des rĂ©pĂ©titions.

Avez-vous des projets dans le cadre du thĂ©Ăątre ?

Je compte me concentrer sur les activitĂ©s des enfants. Il s’agit de faire le cinĂ©ma pour les enfants, les tout-petits. J’avais une troupe exclusivement fĂ©minine que j’appelais troupe KĂŽfilĂš ou regard sur le passĂ©. Les comptes que nous faisions Ă©taient pour nous des moyens d’éducation. Ma vision est l’éducation des enfants car pour moi, il faut Ă©duquer l’enfant dĂšs son bas Ăąge. Et mon objectif est d’éduquer les enfants Ă  travers le thĂ©Ăątre.

Propos recueillis par D. Diama

Source : Le Tjikan