Dans le cadre de la formation en journalisme-communication, l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao) offre une opportunité qui a déjà permis à de nombreux professionnels des medias de se former et d’avoir un diplôme. Il s’agit de l’échange marchandise.
Sur la question, Dr Alexis Dembélé, doyen de l’Unité de formation et de recherche (UFR) en journalisme-communication a indiqué que beaucoup exercent le métier de journaliste sans avoir fait une école de journalisme. Selon lui, l’idée de l’échange marchandise est née de la volonté de renforcer les capacités des journalistes qui exercent dans ces conditions. « Nous nous sommes dits qu’il nous faudrait une masse critique d’ici 10 ans pour que le secteur ait des bons éléments. Et pour qu’on ait rapidement la masse critique, il fallait proposer aux patrons de presse, de radios et de télévisions qu’ils peuvent envoyer des gens en formation. Nous on se charge de les former et en contrepartie, ils couvriront nos activités dans leurs journaux, radios, télévisions etc. Et au lieu d’avoir à payer les frais de scolarité, cela va être pris en compte dans la couverture médiatique », a détaillé le doyen de l’UFR en journalisme-communication. D’après lui, depuis 2014, l’Ucao compte 15 à 20 étudiants qui sont en échange marchandise chaque année. « A notre humble, cela aide les personnes concernées parce qu’elles ont un diplôme en journalisme et communication. Cela aide aussi les entreprises de presse, de radio et de télévision », soutient Dr Alexis Dembélé. Toutefois, il dira que pour ce faire, il y a une petite équipe au sein de l’Ucao qui évalue toujours les demandes d’échange marchandise où certains critères d’éligibilité sont pris en compte.
Opportunité saisie par plusieurs journalistes
Plusieurs journalistes ont déjà saisi cette opportunité qu’offre l’Ucao-Uuba. C’est le cas de Hamidou Togo, directeur de publication du journal le Hogon. Après avoir exercé le métier pendant plusieurs années, il est allé se former à l’Ucao où il a décroché un Master 2 en journalisme. « Pour la première année, j’ai payé les frais de scolarité et l’échange marchandise a concerné la 2ème année du Master », a-t-il précisé. Selon lui, l’échange marchandise a été une opportunité pour lui de se former dans une école de journalisme réputée bien qu’il exerçait déjà le métier depuis une dizaine d’années. D’après Hamidou Togo, ses études à l’Ucao lui ont permis de corriger certaines imperfections. Au Mali, dira-t-il, les journalistes n’ont pas assez de moyens pour aller financer des études à hauteur de millions. C’est pourquoi, il a salué cette opportunité qu’offre l’Ucao qui, pour lui, est aujourd’hui la meilleure université privée au Mali. Aguibou Sogodogo, journaliste au journal le Républicain abondera dans le même sens. Il est lui aussi un produit de l’Ucao à travers l’échange marchandise. Il trouve que c’est une très bonne chose car cela permet à ceux qui n’ont pas les moyens de se former d’étudier en toute sérénité. Aguibou nous a confié que pendant plusieurs années, il a demandé une bourse dans des ambassades, au Fafpa, à l’Anpe, etc. « J’ai tapé à toutes les portes en vain. Mais grâce à ce partenariat entre mon journal et l’Ucao, je suis aujourd’hui détenteur d’un Master 2 en journalisme, un diplôme reconnu par l’Etat malien », s’est-il réjoui. Grace à cette formation à l’Ucao, il dira qu’il est en ce moment un journaliste averti qui maitrise les règles d’éthique et de déontologie. Et aujourd’hui, il assiste un professeur dans une université privée de la place.
Badou S. Koba, journaliste et directeur de publication du journal le Triomphe du Mali est un autre détenteur de Master 2 en journalisme grâce à l’échange marchandise de l’Ucao. Tout comme ses confrères, il soutient que c’est une très bonne initiative qui permet aux journalistes de se perfectionner, d’avoir plusieurs horizons parce que la formation est la clé de voute de la réussite d’un bon journaliste. Badou S. Koba pense qu’à travers l’échange marchandise, l’Ucao est en train de démontrer que la formation n’est pas forcement liée à l’argent. Pour lui, c’est une façon pour cette école de contribuer au rayonnement du métier de journaliste qui connait en ce moment des réelles difficultés car le problème de niveau se pose avec acuité.
Abdrahamane Sissoko, directeur de publication du journal le Wagadu est également un fruit de l’échange marchandise. Après avoir payé les frais de scolarité pour la 1ère année, l’Ucao lui a donné cette opportunité pour la 2ème année. Selon lui, c’est une chance pour les journalistes d’aller se recycler parce qu’il y a une différence entre ce qu’on apprend sur le terrain et à l’école. Même s’il reconnait qu’on n’apprend pas le journalisme forcement en classe, Abdramane Sissoko dira que la formation académique permet de comprendre davantage les bases et principes qui régissent le métier. D’après lui, les connaissances apprises à l’école permettent au journaliste d’exercer dignement et honnêtement son métier car un journaliste qui n’est pas bien formé est un danger pour la société. Au-delà du diplôme, Abdramane Sissoko a mis l’accent sur les connaissances qu’il a acquises grâce à la formation à l’Ucao.
Moussa Sidibé est un ancien journaliste au quotidien l’Indépendant. Il a suivi la formation en journalisme-communication à l’Ucao grâce à l’échange marchandise. Avec le Master 2 qu’il y a décroché, il a été admis au concours d’entrée à la fonction publique comme premier national dans le corps des journalistes-réalisateurs. Aujourd’hui en service au Secrétariat général du gouvernement, Moussa Sidibé pense que l’échange marchandise permet aux journalistes qui sont dans les structures publiques comme privées d’aller se perfectionner. « Grâce à cette opportunité, j’ai décroché un Master 2 qui m’a ouvert les portes de la fonction publique », a indiqué M. Sidibé, qui a encouragé les journalistes à aller se former car pour lui, rien ne vaut la formation.
Fily Sissoko