A l’issue des travaux de la rencontre tripartite ayant réuni les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée les 8 et 9 février derniers à Ouagadougou, le Premier ministre burkinabè Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela les a reçus pour un diner, dans la soirée du jeudi 09 février.
S’adressant à ses invités, le Premier ministre a indiqué que le Burkina Faso, le Mali et la Guinée, doivent impérativement aller vers le fédéralisme. Il a réitéré son rêve de voir ces trois pays faire destin commun tout en soulignant que cela va en droite ligne des aspirations de nos populations.
« Il n’y a pas longtemps, Ibrahim Cissé a fait le trajet à pied, de Bamako à Ouagadougou, pour nous appeler à la fédération. Nous devons mesurer la détermination de ce citoyen malien. Allons-nous laisser cela sans suite ? Nous devons prendre conscience et nous mettre ensemble pour réaliser le rêve de nos populations. Ce que nous voulons tout simplement, c’est répondre aux aspirations de nos peuples qui ne demandent qu’à vivre en paix et en sécurité, dans une vraie démocratie et non dans une démocratie tronquée, en harmonie avec leurs voisins. C’est tout ce que nous cherchons », a indiqué le Premier ministre burkinabè. Selon Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, la rencontre tripartite des ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée qui s’est tenue à Ouagadougou est historique et doit rester dans les mémoires. Pour lui, ce n’est pas un hasard car la Guinée a connu la révolution avec Sékou Touré, le Mali avec Modibo Kéita et le Burkina avec Thomas Sankara.
Le Premier ministre burkinabè a demandé aux trois ministres des Affaires étrangères de se mettre au travail, avec leurs experts, pour voir comment réaliser ce désir des populations.
« Ce n’est pas impossible, car tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme. Nous sommes vraiment attachés à la réalisation du chemin de fer Ouagadougou-Bamako-Conakry qui va permettre de mener une politique d’intégration. Ce que nous rejetons, ce sont des dirigeants qu’on nous impose, à travers des élections truquées, des coups d’Etat constitutionnels que les tenants de la démocratie même avalisent », a insisté le chef du gouvernement burkinabè. Il a invité les ministres à être les précurseurs de cet idéal tant voulu par les populations.
Parlant d’une éventuelle opposition de la Cedeao, le Premier ministre a déclaré que les trois pays sont membres fondateurs de cette organisation. Et de ce fait, ils ne peuvent être contre ce qu’ils ont contribué à créer. « Ce que nous voulons, c’est vivre ensemble. Nous ne sommes pas contre la Cedeao ni contre qui que ce soit. Nous disons tout simplement que si la Cedeao veut être respectée, elle doit aussi apprendre à respecter les autres », a laissé entendre Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela. Pour lui, la Cedeao n’a joué aucun rôle pour aider le Mali et le Burkina Faso qui traversent une crise sécuritaire sérieuse.
« Je ne sais pas ce que la Cedeao a fait pour aider le Mali à lutter contre l’insécurité et contre le terrorisme, mais je sais ce qu’elle n’a pas fait au Burkina Faso. Nous avons lutté tout seul. Chaque jour, des Burkinabè tombent, des infrastructures sont dynamitées. Nous n’avons reçu aucune aide de la Cedeao. De quel droit, la Cedeao va venir nous dicter notre conduite ? Si elle a été absente pendant tout notre parcours, alors elle doit également rester absente pendant que nous cherchons des solutions à nos problèmes et nous laisser continuer notre chemin », a assené le Premier ministre. D’après lui, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée sont pour la Cedeao mais ces pays peuvent aussi vivre sans cette institution. Pour le chef du gouvernement burkinabè, la Cedeao est une structure de coopération et non d’intégration. Et si elle reste telle qu’elle est actuellement, même dans 1000 ans, elle n’aura pas d’évolution.
La Nouvelle Voie du Mali