1er sommet des chefs d’Etat de l’AES : Les  »menaces » de la Cedeao

Au cours de la cérémonie d’ouverture de la 65ème session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao qui s’est tenue le dimanche dernier, le président de la commission de l’organisation Dr Omar Alieu Touray a indiqué que la région n’a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années.

En dehors des nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité ainsi que les défis liés à la pauvreté, il dira que la région est également confrontée au risque de désintégration. Car le 29 janvier dernier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont notifié à la commission, leur intention de quitter la Cedeao avec effet immédiat. Le président de la commission a indiqué que le peuple de l’Afrique de l’Ouest vit au sein d’une communauté intégrée de la Cedeao depuis plusieurs décennies. Et les populations bénéficient d’une liberté de mouvement dans l’espace Cedeao. Mieux, Omar Alieu Touray dira qu’elles ont commencé à percevoir les avantages du marché commun où les produits locaux sont commercialisés librement sur un marché de plus de 400 millions d’habitants. A cela, il a ajouté l’utilisation d’un passeport commun et d’une carte d’identité biométrique commune pour le déplacement à l’intérieur de l’espace communautaire. « Au regard de ces avantages, il est évident que la désintégration perturbera la liberté de mouvement et d’établissement des personnes mais elle aggravera également l’insécurité dans la région », a indiqué le président de la commission de la Cedeao. Plus spécifiquement, il dira que le retrait des trois pays portera un coup dur à la coopération en matière de sécurité notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région et d’autres initiatives conjointes de sécurité telle que la mise en œuvre de la force régionale en attente de la Cedeao que les ministres de la Défense des Etats membres viennent de convenir d’activer. Dr Omar Alieu Touray soutient que le retrait des trois pays pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale dans la mesure où ces pays ne pourront plus bénéficier d’un soutien de bloc en cas de candidature de leurs citoyens à des postes internationaux au sein de l’Union africaine, des Nations unies et des organismes similaires. « Ce retrait affectera également les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces trois pays car ils auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région », a expliqué le président de la commission de la Cedeao. Il prévient que les citoyens de ces pays pourraient ne plus être en mesure de résider ou de créer librement des entreprises dans le cadre des facilités mises en place par la Cedeao et pourraient être soumis à diverses lois nationales. Ce n’est pas tout. Omar Alieu Touray a fait savoir que ces trois pays vont devoir cesser d’utiliser le passeport de la Cedeao, la carte d’identité nationale biométrique et l’assurance automobile carte brune de la Cedeao à l’échelle régionale.

« Sur le plan économique et financier, ce retrait pourrait entrainer l’arrêt ou la suspension des projets et programmes mis en œuvre par la Cedeao dans ces trois pays et dont la valeur est estimée à plus de 500 millions de dollars américains », a indiqué le président de la commission. Selon lui, les deux institutions financières régionales qui sont la BIDC et la BOAD ont des investissements très importants dans ces trois pays. Oumar Alieu Touray a souligné que la BIDC compte 27 projets actuellement dans ces trois pays d’une valeur totale estimée à environ 321 millions de dollars. D’après lui, les trois pays ont apporté un total de 33 millions de dollars au capital de la banque. Sur le plan institutionnel, le président de la commission a expliqué que le retrait des trois pays entrainera la fermeture des quatre structures régionales de la Cedeao au Burkina Faso et des organismes régionaux au Mali et du bureau régional au Niger. En plus, il affectera la sécurité d’emploi de 130 personnels de la Cedeao qui sont des citoyens des trois pays.

Seydou Traoré