En séance plénière hier jeudi, les membres du Conseil National de Transition ont ratifié l’ordonnance n°2024-009/PT-RM du 13 août 2024 portant création de la société Mali Airlines SA. Le texte était défendu par la ministre des Transports et des Infrastructures Mme Dembélé Madina Sissoko.
Selon le rapport de la commission en charge des transports du CNT, de 1960 à 1985, la desserte intérieure et extérieure du Mali par voie aérienne était assurée par la compagnie Air Mali. En application des programmes d’ajustements structurels, le gouvernement a procédé à la fermeture de cette compagnie en 1988 comme d’autres sociétés et entreprises d’Etat. Dans les années 1990, la desserte a été assurée par Mali Timbouctou Air Service (Malitas) et Air Mali SA. De 2005 à 2012, la desserte a été partiellement assurée par la Compagnie aérienne du Mali (CAM) sous le statut de société d’économie mixte. Et le 24 décembre 2012, la CAM a annoncé la suspension de ses activités à cause de la crise politique qui secouait le pays. Cette suspension a débouché sur la liquidation de la compagnie. Depuis 2020, l’entreprise privée de transport aérien de droit malien Sky Mali a été autorisée à desservir les lignes domestiques et internationales. Elle n’assure présentement que les vols intérieurs sur les destinations de Kayes, Gao, Tombouctou ainsi que les vols à la demande. Mais les services rendus par cette compagnie n’arrivent pas à couvrir la demande.
Actuellement, l’aéroport international président Modibo Keïta-Senou, un hub naturel de l’Afrique de l’Ouest par sa position géographique, est desservi par une vingtaine de transporteurs aériens non nationaux qui assurent des services aériens internationaux réguliers de passagers et de fret. Les transporteurs étrangers sont donc les seuls à écrémer le marché malien sans réciprocité. Ainsi, dans le contexte de grand pays enclavé, il est apparu nécessaire de doter le Mali d’une compagnie nationale pour assurer le désenclavement intérieur et extérieur du pays par l’exploitation des services aériens réguliers courts, moyens et longs courriers dans les meilleures conditions de sureté et de sécurité.
Lors des débats sur le texte, les membres du CNT ont salué cette initiative et soutenu qu’il s’agit d’un symbole fort de souveraineté. Malgré cela, ils ont posé des questions sur le capital de la société, la nature des partenaires techniques et financiers, l’ouverture du capital, le modèle économique, la date d’opérationnalisation de la société, etc.
En réponse à ces questions, la ministre des Transports et des Infrastructures dira qu’une compagnie aérienne est plus qu’une nécessité pour le Mali étant un pays enclavé avec sept voisins. Selon Mme Dembélé Madina Sissoko, pour prétendre à sa souveraineté, un pays doit avoir sa compagnie aérienne. Elle a souligné que le Mali est bien doté avec six aéroports internationaux certifiés en plus de plusieurs aérodromes. La ministre a précisé que le premier capital prévu pour la société est de 5 milliards de FCFA. Et déjà, un numéro de compte a été créé et le capital libéré il y a plus de deux mois avec 100 millions de FCFA dans ce compte. Parlant de l’opérationnalisation de la société, Mme Dembélé Madina Sissoko a fait savoir qu’un chronogramme a été élaboré et toutes les activités ont un deadline. D’après elle, des missions de prise de contact et de recherche de partenaires techniques et financiers vont être planifiées. Par ailleurs, la ministre a indiqué qu’il s’agit d’une société anonyme dont le capital sera ouvert. De ce fait, les actionnaires pourront venir. Toutefois, elle a précisé que tout va dépendre du modèle économique qui sera mis en place et qui définira la clé de répartition entre l’Etat et les actionnaires.
Après d’intenses débats, le projet de loi a été adopté à l’unanimité des votants avec 125 voix.
S. Traoré