Transition : Comment Abdoulaye Maïga a forgé son étoffe de Premier ministre

Agé de 43 ans, le Général de division Abdoulaye Maïga s’est forgé au fil des ans, une étoffe de Premier ministre. Il a su gagner la confiance du président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.

Absent lors des évènements du 18 août 2020 avec la prise du pouvoir par cinq Colonels de l’Armée, Abdoulaye Maïga, au fil du temps, est devenu un des membres incontournables de ce groupe au point d’en devenir le 6ème élément. Il est considéré comme le plus instruit du groupe avec plusieurs diplômes en poche dont un Doctorat et des Masters. Il est détenteur d’un Doctorat en sécurité internationale et défense décroché à l’Université Jean Moulin de Lyon en France, d’un Master 2 professionnel en Droits de l’Homme et Droit international humanitaire, d’un Master 2 recherche en science politique, option sécurité internationale et défense en 2007 à l’Université Jean Moulin à Lyon, d’un Master 2 spécialisé en études stratégiques et politiques de défense en 2006 à l’Ecole des hautes études internationales de Paris. En plus, il a un diplôme en diplomatie et droit international obtenu à l’Ecole d’administration d’Alger. Depuis 2016, il prépare un autre Doctorat en business administration à l’Institut supérieur de gestion et de planification en Algérie dont la rédaction de thèse est en cours.  En outre, il est titulaire de plusieurs certificats de formation obtenus en Afrique et en dehors du continent. Même s’il n’a pas participé à la prise du pouvoir, il est devenu l’un des éléments clés de la gestion du pouvoir de Transition. Il a été nommé ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation le 5 octobre 2020. Avant d’être nommé porte-parole du gouvernement le 1er décembre 2022 puis Premier ministre par intérim du 21 août au 4 décembre 2022 lorsque le Premier ministre déchu Choguel Kokalla Maïga était malade. Après avoir occupé ce poste, il sera nommé ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation le 4 décembre 2022. Le décret présidentiel par lequel il a été nommé dit que c’est lui qui assurerait l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance.

Après avoir assuré avec brio son intérim, Abdoulaye Maïga était devenu une menace pour Choguel Kokalla Maïga. L’on se souvient qu’après près de quatre mois d’absence, il avait voulu reprendre son poste. Il avait lui-même annoncésa reprise officielle de service dans son bureau le vendredi 25 novembre 2022 devant les journalistes et ses proches collaborateurs.

Le même vendredi 25 novembre, il a d’abord été reçu au Palais présidentiel à Koulouba dans la matinée par le chef de l’Etat. Avant de se rendre à la Primature où ses collaborateurs l’ont accueilli sous des ovations. Alors qu’il avait annoncé sa reprise officielle de service pour le lundi 28 novembre 2022, les observateurs ont plutôt vu Abdoulaye Maïga continuer à gérer les affaires avec un carnet d’audiences bien chargé en tant que Premier ministre par intérim. D’abord, il a reçu l’ambassadeur du Burkina en fin de mission au Mali, puis le Médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan en visite à Bamako dans le cadre du suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre du chronogramme des réformes politiques et électorales. Abdoulaye Maïga a également reçu les représentants du Cadre d’échanges des partis politiques pour une Transition réussie. Aussi, il a pris part en tant que chef du gouvernement par intérim, à l’audience solennelle de la rentrée des Cours et Tribunaux 2022-2023 à la Cour suprême. Lors du conseil des ministres en date du mercredi 30 novembre 2022, il a même procédé à des nominations à trois postes importants relevant de la Primature. Mieux, Abdoulaye Maïga s’est rendu à Kayes pour l’inauguration du barrage hydroélectrique de Gouina le 3 décembre 2022 avec les Premiers ministres de la Guinée, de la Mauritanie et du Sénégal.

Pendant ce temps, Dr Choguel Kokalla Maïga, sentant son poste menacé, multipliait les visites chez les compagnons du chef de l’Etat pour certainement exprimer et prouver son aptitude physique à reprendre service.

En plus d’avoir assuré l’intérim, Abdoulaye Maïga a plusieurs porté la voix du Mali à la tribune des Nations unies. Il a aussi représenté le chef de l’Etat dans des rencontres internationales et même conduit des délégations officielles au nom du président de la Transition en lieu et place de l’ex-Premier ministre. Même aux yeux d’une partie de l’opinion et de la classe politique, Abdoulaye Maïga est perçu comme rassembleur plus que l’ex-Premier ministre Choguel Kokalla Maïga taxé d’être clivant.

G. Diarra