Le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, Aguibou Bouaré, a présenté le jeudi dernier devant le Conseil National de Transition (CNT), le rapport de sa structure sur la situation des droits de l’Homme au Mali au titre de l’année 2021.
Selon Aguibou Bouaré, ce rapport examine en 06 parties, la situation des droits de l’Homme au Mali. Il passe en revue l’état des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, les droits des personnes vulnérables, la situation carcérale et les conditions de détention ainsi que le droit à un environnement sain. Un accent particulier y est mis sur la question de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. Pour le président de la CNDH, le phénomène de l’esclavage par ascendance dans cette région connait une évolution inquiétante en raison de ses manifestations de plus en plus violentes qui ont conduit à des pertes en vie humaine, à des atteintes à l’intégrité physique et morale, au droit de propriété, à de nombreux déplacés internes, etc. Selon lui, l’année 2021 a été particulièrement éprouvante pour les populations car marquée par des abus et violations des droits de l’Homme, constitutifs d’atteinte aux droits à la vie et au respect de l’intégrité physique, à la liberté de presse, de manifestation, de cortège et de réunion, perpétrés au Centre et au Nord du pays. D’après Aguibou Bouaré, ces abus et violations enregistrées sont en lien avec le terrorisme, les conflits inter et intracommunautaires, la crise socio-politique et la pratique de l’esclavage par ascendance. Par ailleurs, il a fait savoir que le droit à l’éducation a souffert d’effectivité dans les zones de conflits en raison des fermetures d’écoles sur menaces des groupes terroristes. Quant au droit à la santé, il dira que si des progrès ont été constatés en matière d’équipements essentiels, le comportement de certains agents de santé reste à déplorer. A cela s’ajoute l’absence des services de santé dans les zones de conflits depuis un certain temps.
Aussi, le rapport soutient que les droits des personnes privées de liberté et la situation carcérale ont connu un léger progrès avec la décongestion des prisons suite à la grâce présidentielle accordée à certains détenus. Pour la CNDH, les plus grands défis demeurent la surpopulation carcérale, le dépassement des délais de garde à vue, de détention provisoire et les conditions de détention souvent inhumaines. Le rapport reconnait que les droits des femmes ont connu un léger progrès à travers leur représentativité dans les instances de décisions. Toutefois, il déplore que les violences basées sur le genre aient augmenté dans le pays notamment dans la région de Mopti où les viols collectifs et la répudiation sont monnaie courante. S’agissant de la situation des enfants, les violences à l’égard de ceux affectés par les conflits armés ont fait l’objet d’une attention particulière surtout dans le Centre, souligne le rapport.
Au titre des droits des personnes en situation de handicap, le rapport salue la prise du décret d’application de la loi n°2018-027 du 12 juin 2018 relative aux droits des personnes vivant avec un handicap. La CNDH a évalué la situation des personnes déplacées internes tout en recommandant aux autorités de prendre des mesures afin qu’elles bénéficient des services sociaux de base et pour préparer leur retour effectif et sécurisé dans leurs localités. Enfin, la CNDH formule à l’attention du gouvernement, des recommandations générales qui portent, entre autres, sur la sécurisation des personnes et leurs biens sur toute l’étendue du territoire, le renforcement de l’institution judiciaire en ressources humaines, matérielles et financières lui permettant d’enquêter et de statuer sur les cas de violations graves des droits de l’Homme commis au Mali. Mais également, l’adoption d’une loi réprimant l’esclavage et les pratiques assimilées, l’adoption d’une loi réprimant les VBG, le renforcement et l’amélioration des mécanismes de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
La Nouvelle Voie du Mali