La récente visite du président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Nana Akufo-Addo, dans notre pays va certainement déterminer les prochaines décisions de l’Organisation sous-régionale sur le processus de transition en cours au Mali.
Pour rappel, les chefs d’Etat de la CEDEAO se sont réunis le 16 septembre dernier à Accra au Ghana où ils ont examiné les derniers développements de la transition en cours dans notre pays. La conférence des chefs d’Etat s’était dite très préoccupée par la lenteur dans la préparation des élections prévues pour fin février 2022. A cet effet, elle a réitéré sa demande pour un respect strict du calendrier de la transition devant conduire à la tenue effective des élections dans le délai « non négociable » de février 2022. Sur la question, les chefs d’Etat ont demandé aux autorités maliennes de soumettre, au plus tard à la fin de ce mois d’octobre, le chronogramme devant conduire aux étapes essentielles pour les élections de février 2022. Avant d’insister sur le fait que seules les réformes nécessaires pour la tenue des élections à la date indiquée devraient être mises en œuvre.
La CEDEAO a même menacé de prendre des sanctions ciblées contre tous ceux dont les actions impactent négativement sur le calendrier de la transition. Au plan sécuritaire, la conférence avait dénoncé fermement la volonté des autorités maliennes « d’engager des compagnies privées de sécurité».
Le chef de la diplomatie nigérienne était allé plus loin dans une interview accordée à une radio étrangère. Selon Hassoumi Massaoudou, «si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères ». Selon lui, la CEDEAO n’accepte pas que « dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, dégrader davantage encore la situation sécuritaire… ». Le ministre nigérien avait également qualifié les Assises Nationales de la Refondation annoncées par le gouvernement de « diversion » pour détourner les objectifs assignés à la transition.
La visite du président en exercice de la CEDEAO à Bamako a eu lieu alors que les autorités de la transition sont à pieds d’œuvre pour l’organisation des Assises Nationales de la Refondation. Toutes les actions du président de la Transition et du gouvernement convergent vers l’organisation de ces Assises qui devront déterminer la suite de la transition. C’est-à-dire sa prorogation ou non. Déjà, les membres du panel de hautes personnalités et ceux de la commission d’organisation ont été nommés. Aussi, au même moment, des voix s’élèvent pour demander la prorogation de la transition. D’ailleurs, au cours de la visite du président ghanéen, des groupes de personnes s’étaient massés aux alentours de l’aéroport, avec des banderoles pour soutenir les Assises Nationales de la Refondation avant toutes élections. Alors que d’autres étaient devant l’hôtel où le chef d’Etat ghanéen a rencontré les ambassadeurs des pays de la CEDEAO et le comité local de suivi de la transition, pour demander sa prorogation.
Lors de sa visite, les autorités maliennes ont présenté au président Akufo-Addo la situation sécuritaire globale du pays avec ses implications évidentes sur le processus de transition. Le président de la Transition le Colonel Assimi Goïta a clairement indiqué que « le Mali est une digue au Sahel qu’il faut consolider plutôt que d’affaiblir ». Après sa séance de travail avec les autorités maliennes et bien imprégné de la situation, le président ghanéen n’a pas voulu faire de commentaire. « On m’a envoyé pour venir discuter avec le président Assimi Goïta de l’évolution de la Transition au Mali », s’est contenté de dire Nana Akufo-Addo, sans autres commentaires. Si cette visite est perçue comme celle qui va déterminer les prochaines décisions que la CEDEAO va prendre concernant le Mali, de nombreux observateurs craignent déjà un bras de fer entre l’Organisation sous-régionale et les autorités maliennes dans les jours ou semaines à venir.
La Nouvelle Voie du Mali