Avec la reconfiguration sécuritaire dans le Nord du Mali après le départ de la force française Barkhane en 2022 et celui en cours de la Minusma, des groupes armés pourtant signataires de l’Accord pour la paix semblent avoir basculé dans le terrorisme. Ils ont déjà revendiqué plusieurs attaques menées avec le même mode opératoire que les groupes terroristes.
Le processus de retrait en cours de la Minusma a permis à l’opinion nationale et internationale de découvrir le vrai visage de certains groupes armés du nord pourtant signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Dans une complicité avec les terroristes, ces groupes armés tentent d’empêcher les Forces armées maliennes (FAMa) de prendre possession des emprises cédées par la mission onusienne pour s’acquitter de leur mission régalienne de défense du territoire et de sécurisation des personnes et leurs biens.Ils attaquent les positions des FAMa à l’aide de véhicules piégés, lancent des obus contre les populations civiles.
Ils ont attaqué le 12 septembre dernier, la localité de Bourem dans la région de Gao. Avant de revendiquer cette attaque terroriste. Auparavant, ils avaient multiplié les attaques souvent à l’arme lourde contre les positions de l’Armée et même contre les civils. Comme ce fut le cas lors du mouvement des FAMa vers le camp de Ber le 13 août dernier. Aussi, les groupes armés ont entrepris d’autres actions contre les populations civiles à cause de cette présence de l’Armée à Ber. Ces actions ont consisté en des tirs d’obus en direction de la ville de Tombouctou. Ils ont aussi imposé un blocus sur la ville de Tombouctou en interrompant le trafic sur les principales routes d’approvisionnement, entraînant ainsi une augmentation des prix des produits de grande consommation comme l’huile, les céréales, le carburant. La seconde phase du retrait de la Minusma concerne, entre autres, les camps de Téssalit, d’Aguelhoc, de Kidal, d’Ansongo, etc. Les groupes armés sont dans une mobilisation totale pour tenter de freiner l’élan des FAMa dans leur offensive pour occuper les camps cédés par la Minusma. C’est dans ce cadre qu’ils ont perpétré une attaqué terroriste le jeudi 7 septembre contre le bateau Tombouctou de la Comanav transportant des populations civiles. Le bilan officiel de cette attaque est de 64 morts dont 49 civils et 15 militaires. Aussi, ces mêmes groupes armés ont attaqué aux véhicules piégés le 08 septembre dernier, le Camp Firhoun Ag Alançar de Gao. Laquelle a causé une dizaine de morts et des blessés parmi les FAMa. Quelques jours plus tard, l’aéroport de Tombouctou était la cible des mêmes groupes armés terroristes qui y ont lancé des obus. Selon des témoins, il y a eu 3 obus qui sont tombés dans l’enceinte de l’aéroport obligeant les travailleurs et passagers à se mettre à l’abri. Il n’y a pas eu de perte en vie humaine ou de blessé. Cependant, ces engins explosifs ont provoqué des dégâts matériels dans le super camp de la Minusma se trouvant à l’aéroport. La dernière attaque fut celle de la localité de Léré le dimanche 17 septembre dernier. Certaines de ces attaques ont été revendiquées par la CMA.
Devant le Conseil de securité des Nations unies le 28 août dernier à l’occasion de la réunion sur le rapport d’étape du secrétaire général sur le retrait de la Minusma, l’ambassadeur représentant permanent du Mali Issa Konfourou avait réitéré l’attachement du Mali à la mise en œuvre intelligente et diligente de l’Accord, en collaboration avec les mouvements signataires qui le souhaitent, en vue de rétablir la paix et la stabilité durables au bénéfice des populations. Toutefois, il avait dénoncé les collusions constatées entre des groupes armés et des organisations terroristes. Avant de rappeler les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité qui exigeaient de tous les groupes armés qu’ils renoncent à la violence et rompent tous liens avec des organisations terroristes et la criminalité transnationale organisée. Ces actions coordonnées entre les groupes armés du Nord et les terroristes et visant les FAMa et les populations civiles sont la preuve qu’ils ont basculé dans le terrorisme. En plus de fouler au pied l’Accord pour la paix, ils ont violé le cessez-le-feu en cours depuis le 23 mai 2014.
A. Diarra