Au cours d’un meeting du Mouvement du 5juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qu’il a animé le samedi 16 novembre dernier, l’ex-Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, qui a souligné les avancées enregistrées depuis la rectification de la trajectoire de la transition en mai 2021, a également dénoncé plusieurs faits sur la gestion du pouvoir de Transition. Ces critiques sont à l’origine de son limogeage, quatre jours après, par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.
Pour Dr Choguel Kokalla Maïga, la durée de la Transition a été librement fixée à 24 mois à compter du 26 mars 2022 à la suite d’un décret signé par le président de la Transition et le Premier ministre. Sur cette base, la Transition était censée prendre fin le 26 mars 2024. « Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement », a dénoncé l’ex-Premier ministre qui dira qu’aujourd’hui encore, il n’existe aucun débat sur la question. Et le Premier ministre est réduit à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Aussi, il a indiqué que le gouvernement n’a aucune information sur le programme ni le plan d’actions de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) alors que la création de cet organe fait partie des exigences majeures du peuple malien pour la réalisation du Mali nouveau. D’après Dr Choguel Kokalla Maïga, tout se passe dans l’opacité totale à l’insu du Premier ministre. Il a rappelé que les Assises nationales de la Refondation (ANR) avaient recommandé la réduction du nombre des partis politiques. Selon lui, entre 1991 et 2021 soit 30 ans, il y a eu la création de 200 partis politiques au Mali. L’ex-Premier ministre a révélé qu’entre 2021 et 2023 et après les ANR, il y a eu la création avec délivrance de récépissés de 100 partis politiques. Avant de dénoncer une volonté délibérée d’en ajouter à la confusion.
Ces déclarations ont suscité de vives réactions au sein de l’opinion surtout chez les soutiens à la Transition. L’Alliance pour la refondation du Mali (AREMA) a condamné avec la dernière rigueur, les propos aventuristes d’une grande légèreté et erronés du Premier ministre contre la Transition et à l’endroit des autorités et de ministre en mission. Avant de demander que ces propos soient considérés comme un masque tombé sur ses intentions et sa volonté réelle de déstabilisation de la Transition et des institutions et qu’il soit traité comme tel.
La Fédération des organisations et regroupements de soutien aux actions de la Transition (Forsat-civile) a dénoncé avec force, des propos qui portent atteinte à la crédibilité des actions menées jusqu’ici par les plus hautes autorités qui n’ont ménagé aucun effort ni sacrifice pour jeter les bases solides de la paix, de l’unité et de la réconciliation nationale. Avant de condamner sans réserve, ces propos qui trahissent l’idéal de cohésion indispensable à toute action gouvernementale dans le respect de la nécessaire collaboration entre institutions au sommet de l’Etat.
Pour sa part, le Collectif pour la défense des militaires (CDM) dit avoir constaté certaines sorties du Premier ministre qui ne cadrent pas avec son rôle d’acteur de la Transition. Selon le CDM, le Premier ministre a trahi sa mission et s’inscrit désormais dans une logique de délation des autorités de la Transition. Le Collectif a condamné avec la dernière rigueur ses propos et exigé sa démission pour haute trahison.
Ces déclarations de Dr Choguel Kokalla Maïga ont été suivies par des marches de protestation et des meetings de soutien à la Transition à Bamako et dans les différentes régions du pays. Lors de ces rassemblements, les manifestants ont demandé la démission du Premier ministre ou au chef de l’Etat de le démettre de ses fonctions. Après avoir refusé de démissionner, l’ex-Premier ministre et les membres de son gouvernement ont été démis de leurs fonctions le mercredi dernier alors qu’ils s’apprêtaient à se rendre au Palais de Koulouba pour le conseil hebdomadaire des ministres.
S. Traoré