L’attente aura été longue, très longue. Après plus de 10 ans d’absence, les Forces armées maliennes (FAMa) ont signé leur retour à Kidal le 14 novembre 2023, reprenant ainsi cette ville stratégique qui était devenue un enjeu majeur de la souveraineté pour l’Etat malien, des mains des groupes séparatistes dont l’objectif est la partition du Mali.
Dans le cadre du retrait de la Minusma, l’Armée malienne s’est battue pour occuper les emprises que la mission onusienne a abandonné sans les lui rétrocéder comme convenu dans le plan de retrait coordonné et défini avec les autorités maliennes. C’était le cas pour Kidal. Après avoir occupé les autres emprises de la région à savoir Tessalit et Aguelhok, les FAMa ont poursuivi leur avancée vers la ville de Kidal, épicentre de toutes les rebellions que le Mali a connues depuis l’indépendance.
La bonne nouvelle a été annoncée le mardi 14 novembre dernier dans la matinée par le chef d’état-major général des Armées le Général Oumar Diarra. Ensuite, dans un tweet, le chef de l’Etat a aussi indiqué que les Forces armées et de sécurité maliennes se sont emparées de Kidal. « Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire sans exclusive aucune conformément aux résolutions du Conseil de sécurité », a indiqué le président de la Transition. En s’emparant ainsi de Kidal, l’Armée malienne a signé son retour dans cette ville d’où elle était absente depuis plus de 10 ans.
De Kayes à Kidal en passant par Bamako, Kati, Sikasso, Ségou, Gao, Koulikoro, Bougouni, Mopti, Tombouctou, les populations ont célébré le retour triomphal des FAMa dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas qui était durant de longues années, sous le contrôle des groupes armés séparatistes avec leurs alliés terroristes.
Les Maliens sont sortis dans toutes les localités du pays pour exprimer leur joie pour la reprise de cette ville par l’Armée malienne. A Bamako, Kati, Kayes, Gao, Tombouctou et même à Kidal, il y a des regroupements spontanés à l’annonce de la bonne nouvelle tant attendue.
Cette joie des populations maliennes était bien compréhensible pour qui connait l’histoire de la ville de Kidal dans celle du Mali. Kidal est le fief de toutes les rebellions qui ont régulièrement mis à mal l’intégrité territoriale du pays et l’unité nationale depuis l’indépendance. Les populations ont surtout manifesté leur joie car un mythe s’était créé autour de cette ville depuis une dizaine d’années.
Pour rappel, après l’éclatement de la rébellion en 2012, les rebelles dans une coalition avec les groupes islamistes ont occupé les trois régions du Nord à l’époque après le repli de l’Armée malienne. Il s’agit des régions de Kidal, Tombouctou et Gao. Les populations de ces régions ont vécu toutes sortes d’exactions de la part des groupes armés qui leur ont imposé des lois d’un autre âge. L’administration étatique a dû quitter lesdites régions et les populations n’avaient plus accès aux services sociaux de base. C’est lorsque ces groupes armés ont décidé de progresser vers les régions du Sud que l’Armée française est intervenue au Mali sous la bannière de l’opération Serval. A travers cette opération lancée en janvier 2013, les régions de Gao et de Tombouctou ont été récupérées des mains des groupes séparatistes et islamistes. Les militaires maliens qui étaient aux premières lignes de cette opération ont été bloqués par l’Armée française lorsqu’il s’agissait de libérer la région de Kidal. Un affront que l’Armée malienne et les Maliens dans leur ensemble cherchaient à laver depuis plus de 11 ans.
Depuis le mardi 14 novembre 2023, cet affront a été lavé avec le retour triomphal des FAMa qui se sont emparées de la ville de Kidal après avoir occupé les autres emprises abandonnées ou rétrocédées par la Minusma.
Une année après, l’administration et les services sociaux de base sont redéployés progressivement à Kidal. Un gouverneur a été nommé en la personne du Général Alhadji Gamou. Et les services sociaux de base à savoir la santé, l’éducation, l’hydraulique sont de retour. La Somagep est en train de redonner l’eau aux populations. Aussi, il y a eu la rentrée scolaire à Kidal le 4 novembre dernier comme partout dans le pays. Ces informations ont été confirmées par le maire Arbacane Ag Abzayack à travers une interview qu’il a accordée à nos confrères du quotidien national l’Essor. Il a expliqué que de façon globale, la sécurité revient petit à petit même s’il reconnait qu’il y a l’insécurité résiduelle du fait de bandits armés qui coupent les routes. D’après le maire, dans les centres urbains, il n’y a pas de problèmes. Car tout le monde vaque librement à ses affaires à Kidal, Tessalit, Aguelhoc, etc.
A. Sanogo