Après Aguelhok, la Minusma a quitté précipitamment le camp qu’elle occupait à Kidal sans le rétrocéder à l’Armée malienne comme convenu dans son plan de retrait. En agissant ainsi, la Mission de maintien de la paix des Nations unies réunit les conditions d’un affrontement entre l’Armée malienne et les groupes armés qui ont investi ce camp après son retrait précipité.
Dans un communiqué publié le mardi dernier, la Mission a annoncé avoir mis fin à sa présence dans la région de Kidal suite au départ des derniers membres de son personnel par avion et par convoi terrestre. Selon la Minusma, le dernier convoi des casques bleus a quitté Kidal par la route le mardi pour Gao et a fait l’objet de deux attaques à l’engin explosif improvisé sur son trajet, causant des dommages matériels. D’après la Mission, son dernier vol en provenance de Kidal a atteint Gao en fin d’après-midi de mardi. Aussi, les convois du contingent tchadien qui avaient quitté Aguelhok et Tessalit respectivement les 21 et 23 octobre sont arrivés à Gao le 29 octobre. Les conditions de départ de toutes ces bases ont été extrêmement difficiles et éprouvantes pour de nombreuses raisons toutes indépendantes de la volonté de la Mission y compris la détérioration de la situation sécuritaire et les menaces multiples qui en découlaient pour les casques bleus. A cela se sont ajoutés des défis liés à la conduite d’opérations aériennes pour extraire le personnel de la Mission.
Pour le cas de Kidal, la Minusma parle d’un retrait accéléré pour préserver la vie des casques bleus dans un environnement opérationnel complexe. Pourtant, à la veille de son retrait, le camp avait presque été transformé en marché où les gens venaient se procurer de plusieurs articles mis en vente, selon des témoins. La Mission onusienne a donc décidé de plier bagages tout en laissant le camp de Kidal entre les mains des groupes armés.
En agissant ainsi, la Minusma qui est une mission de maintien de la paix crée les conditions d’un affrontement entre l’Armée malienne et les groupes armés. La ville de Kidal est considérée comme le bastion des groupes armés indépendantistes. Elle est l’épicentre de toutes les rebellions que le Mali a connues depuis son accession à l’indépendance. Dans ses manœuvres à Aguelhok comme à Kidal, la Minusma a violé le plan de retrait convenu avec les autorités maliennes dans le cadre de la résolution 2690 du Conseil de securité des Nations unies. L’Armée malienne est déterminée à occuper tous les camps que la Mission va quitter pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et elle poursuit sa progression dans ce sens sur le terrain. Aujourd’hui, les yeux des Maliens sont rivés vers Kidal où le retour de l’Armée est attendu après plus d’une décennie d’absence car les éléments FAMa du Bataillon des forces armées reconstituées (Baftar) déployés dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord étaient plutôt cantonnés dans cette ville. Les jours à venir seront déterminants puisque l’Armée malienne promet d’occuper toutes les emprises cédées par la Minusma et celle de Kidal ne fera pas l’exception.
S. Sidibé