Depuis la semaine dernière, les travailleurs de l’Institut national de santé publique (INSP) sont dans un bras de fer avec leur direction à cause de l’application d’un décret du président de la Transition concernant les primes Covid-19.
Selon les explications de Moussa Salif Sidibé, un des premiers responsables des comités syndicaux de l’Institut dans le quotidien national l’Essor, depuis le début de la Covid-19, les agents sont à la tâche. Il a indiqué que l’INSP est un EPST (Etablissement public à caractère scientifique et technologique) doté d’une autonomie de gestion administrative et financière. De ce fait, selon lui, 30% de tout ce l’Institut gagne comme recettes doit revenir aux travailleurs. Mais cela n’a pas été le cas avec le premier certificat Covid-19 qui était à 35.000 FCFA. En plus de cela, le syndicaliste dira que la prime Covid-19 a été accordée aux travailleurs par le président de la Transition à travers un décret pour la période allant du 1er juin 2021 au 31 mai 2022. Dans l’application, ils ont constaté des prélèvements sur ce décret car au lieu de payer toute l’année qui fait 365 jours, le décret ne prend en compte que 261 jours. Le syndicaliste soutient qu’il y a eu aussi des prélèvements chez certains agents qui étaient sur les activités Covid-19 mais qui étaient en mission, en congé de formation, qui avaient pris une permission pour aller se soigner ou même des femmes en congé de maternité. Pour le syndicaliste, normalement, la direction devait payer les primes Covid-19 de 5000 FCFA par jour pour 285 agents sur les 365 jours de l’année. Au lieu de cela, 104 jours ont été soustraits correspondant aux week-ends. D’après lui, trois types d’agents n’ont pas droit à la prime Covid-19. Il s’agit de ceux qui sont en détachement dans d’autres services, les agents en congé de formation et ceux en disponibilité. Ce n’est pas tout. Moussa Salif Sidibé a indiqué que la direction doit effectuer un second payement aux travailleurs pour la période du 1er juin 2022 au 18 mai 2023, date à laquelle la pandémie a pris officiellement fin au Mali. C’est face à cette situation que depuis le mercredi 15 novembre, ils ont décidé d’aller en sit-in tous les matins de 7h30 à 11 heures. S’ils n’ont pas satisfaction, ils projettent d’aller en grève de 72 heures à partir du 4 décembre et à une grève illimitée à partir du 7 décembre.
Démenti formel de la direction
Au niveau de la direction de l’Institut, le directeur général adjoint, Alamir Touré a indiqué que les primes réclamées par le syndicat sont relatives à un décret du président de la Transition qui en donne un début et une fin. Il dira que c’est ce décret qui a fait l’objet d’application. Une application qui n’est pas du goût des travailleurs. Pour Alamir Touré, le décret fixe le nombre de jours à 261. « Pour nous, les 261 jours, c’est le plafond parce que le décret parle de jours de travail. C’est pourquoi, le décret a enlevé les samedis et dimanches », a-t-il précisé, avant d’ajouter que tout le personnel de l’INSP n’a pas travaillé sur les activités de la Covid-19 car il y a des gens qui sont partis en mission au cours de la période ou sur d’autres activités. D’après lui, il y a aussi des gens qui ont pris leur congé au cours de la période, d’autres qui ont pris des permissions. C’est pourquoi, dans le traitement du décret, ils ont enlevé tous ces jours qui n’ont pas été effectifs de travail dans les activités Covid-19. Les propos du DGA ont été appuyés par Abdoulaye Dabo, responsable des ressources humaines. Lui aussi dira que le décret a une périodicité qui fait 261 jours et il prend fin en mai 2022. D’après M. Dabo, c’est ce traitement qui a été fait avec la déduction des périodes d’absence des agents. Pour lui, les travailleurs demandent le paiement des 104 jours restants. Mais malheureusement, il est impossible pour eux de sortir de la fourchette du décret. « Le décret dit 261 jours et nous ne pouvons pas payer plus que cela », a-t-il indiqué. Pour la troisième revendication des travailleurs, il dira qu’ils demandent le payement immédiat des arriérés et primes allant du mois de juin 2022 à mai 2023. Sur cette question, Abdoulaye Dabo a fait savoir que la direction de l’Institut n’attend qu’un autre décret pour l’autoriser à faire la prise en charge de ces primes car l’autre décret a pris fin à partir de mai 2022. La direction précise qu’elle attend juste d’avoir une base juridique pour pouvoir payer ces primes. Malgré cette situation, les travailleurs poursuivent leur sit-in.
Abdoul Sanogo