Dans son discours à la tribune de la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations unies le samedi 28 septembre dernier, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement le Colonel Abdoulaye Maïga a accusé l’Algérie voisine d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Ses propos ont été appuyés par le représentant du Maroc au Nations unies.
Il a d’abord commencé par saluer et reconnaitre la sagesse du président algérien Abdelmadjid Tebboune qui, le 29 août dernier lors d’une tournée dans le Sud algérien a déclaré que la Libye, le Niger et le Mali sont des nations fraternelles que son pays soutiendra et non desservira.
Selon le Colonel Abdoulaye Maïga, le peuple malien n’a pas été surpris par ces propos qui indiquent éloquemment son panafricanisme à l’instar de ses célèbres prédécesseurs dont feu Abdel Aziz Bouteflika, affectueusement appelé « Abdelkader Mali » suite à son établissement à Gao et l’engagement des autorités maliennes, à travers plusieurs actions. Il a dénoncé les propos incongrus de deux de ses collaborateurs, allant à contresens de son souhait de promouvoir des relations harmonieuses entre l’Algérie et ses voisins dont le Mali.
Le ministre Maïga a indiqué que le 31 juillet dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères déclarait que la crise malienne n’avait pas besoin d’une solution militaire. Selon lui, c’est un conflit entre frères et la solution ne peut être que politique. Au sujet de l’accord d’Alger, il a affirmé qu’il avait été bénéfique pour le Mali et avait préservé sa souveraineté et l’intégrité de son territoire.
Par ailleurs, Abdoulaye Maïga a indiqué que le 26 août, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, a déclaré qu’il a appris par les médias qu’un drone a effectué une frappe dans le Nord du Mali tuant une vingtaine de civils. Avant d’ajouter que ceux qui appuient sur la manette de ce drone n’ont de compte à rendre à personne sur ces frappes.
De l’analyse des propos du premier, le Colonel Abdoulaye Maïga dit constater une grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Selon lui, la nature de la solution déployée par les autorités maliennes ne concerne que les Maliens. Il a déclaré que l’Accord d’Alger est bel et bien mort et les incantations du chef de la diplomatie algérienne ne serviront pas à le ressusciter. Abdoulaye Maïga a indiqué que nul ne peut aimer le Mali plus que les Maliens et le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité. Car « pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité, pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité… », a-t-il insisté. Répondant au représentant permanent algérien, il dira qu’en plus d’offrir le gîte et le couvert certainement avec de succulents plats de « Chekchouka et de Chorba », à des terroristes et des renégats en débandade, son rôle d’estafette désorientée ne contribue guère à la promotion des relations de bon voisinage.
Accusations infondées
De ses propos, le Colonel Abdoulaye Maiga a déploré des accusations graves et infondées. Il soutient que la qualification de la nature civile des victimes à partir des médias est aventureuse et diffamatoire. Et d’autre part, en affirmant que les opérateurs de drones n’ont de compte à rendre à personne, il alimente une campagne de désinformation contre le Mali, tout en soutenant l’idée que les Forces de Défense et de Sécurité maliennes seraient incapables de piloter des drones.
A ce propos, le Colonel Abdoulaye Maïga a déclaré que la montée en puissance des FAMa n’est pas une vue de l’esprit, mais une réalité tangible qui a permis de reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national. Concernant l’usage des drones, le ministre Maïga a précisé que les opérateurs sont bien des Maliens qui agissent avec professionnalisme, à l’instar du reste des Forces de Défense et de Sécurité maliennes et traitent les cibles terroristes, suivant des procédures conformes aux normes internationales.
« Le Mali exige de ces deux énergumènes diplomatiques qu’ils cessent d’entrer dans l’histoire à reculons. Manifestement, ils ignorent tout, à la fois, de l’histoire entre les peuples frères du Mali et de l’Algérie et la contribution exceptionnelle du Mali à la guerre de libération algérienne et certainement de la géographie, car ils considèrent, à tort, le Mali comme une wilaya, c’est à dire une province algérienne », a indiqué le Colonel Abdoulaye Maïga.
Après le discours du Colonel Abdoulaye Maïga, le représentant permanent du Maroc à l’ONU Omar Hilale a appuyé les accusations de Bamako quant au jeu trouble de l’Algérie dans le Sahel et au Sahara.
L’ambassadeur marocain a accusé ouvertement l’Algérie d’être la mère de tous les problèmes au Sahel et au Sahara. Selon lui, ce pays voisin accueille les terroristes, les extrémistes et les séparatistes de la région. « Ils se réfugient sur le territoire algérien », a déclaré Omar Hilale, qui a insisté sur le fait qu’au Sahel, il y a une menace terroriste, une menace extrémiste et une menace séparatiste à cause de l’Algérie. D’après lui, les frontières de l’Algérie pullulent de terroristes, d’extrémistes et de séparatistes. Le diplomate marocain a demandé aux Algériens, de cesser leur ingérence dans les affaires intérieures des pays de la région. « Respectez la volonté des pays de la région, vos voisins et respectez le choix politique de ces pays », a-t-il insisté. Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a réagi à ces accusations qu’il a qualifié « d’ignobles » lors de son intervention à la tribune des Nations unies.
A. Sanogo