Gouvernance : Le message de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé aux autorités de la Transition : « 𝐆𝐎𝐔𝐕𝐄𝐑𝐍𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐃𝐔 𝐌𝐀𝐋𝐈, 𝐀𝐏𝐏𝐄𝐋𝐄𝐙 𝐀 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐍𝐂E𝐑𝐓𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍𝐀𝐋𝐄 »

Comment meurent les géants ? Il y eut une fois, un peuple de géants, fiers et forts, à qui la providence avait tout donné. Dès que la terre se dénudait, quand l’herbe commençait à se faire rare dans la zone où ils s’étaient installés, les géants partaient ensemble et transhumaient avec leurs troupeaux à la quête d’eau et de pâturages abondants. Un jour, ils trouvèrent sur leur chemin un énorme rocher qui leur barrait la route.

Un premier géant s’avança devant l’obstacle et tenta de le pousser tandis que les autres le regardaient faire. Malgré sa force, il ne put déplacer le rocher. Un deuxième géant s’avança à son tour et lui aussi s’épuisa à essayer de dégager la voie. L’un après l’autre, chacun des géants essaya mais aucun ne réussit seul à dégager le chemin qui menait aux verts pâturages. Les jours passèrent, chaque jour les géants se succédèrent devant le rocher, ils s’épuisaient un à un tandis que les autres observaient. Sans eau ni fourrage, les bêtes moururent et bientôt les géants périrent à leur tour.

𝐓𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐞 𝐫𝐞́𝐜𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐫𝐚𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐫 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢, 𝐬𝐢 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐭𝐞𝐧𝐭𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐢𝐛𝐞́𝐫𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐞𝐦𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐞́𝐞.

𝐋𝐞 𝟐𝟓 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫, 𝐥𝐞 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚 𝐚𝐧𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞́ 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐩𝐨𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐢𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐯𝐮𝐞 𝐞𝐧 𝐟𝐞́𝐯𝐫𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟒 𝐞𝐭 𝐥’𝐚𝐧𝐧𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐥𝐞́𝐠𝐢𝐬𝐥𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞́𝐯𝐮𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐟𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟑. Deux élections qui devaient marquer le retour à une vie constitutionnelle normale afin que les citoyens et les citoyennes du Mali décident ensemble des réponses à apporter à la crise multidimensionnelle et complexe à laquelle le pays fait face. 𝐎𝐫, 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐫𝐠𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐚𝐜𝐜𝐞́𝐥𝐞́𝐫𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐮𝐧𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐬𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐚̀ 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐚̀ 𝐫𝐞́𝐬𝐨𝐮𝐝𝐫𝐞 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐛𝐥𝐞̀𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐲𝐬 : 𝐯𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞, 𝐯𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐚𝐢𝐱 𝐞𝐭 𝐨𝐟𝐟𝐫𝐢𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐨𝐩𝐩𝐨𝐫𝐭𝐮𝐧𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐞́𝐩𝐚𝐧𝐨𝐮𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚̀ 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢.

𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢, 𝐚𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐝’𝐡𝐮𝐢, 𝐣’𝐞𝐧𝐜𝐨𝐮𝐫𝐚𝐠𝐞 𝐯𝐢𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢 𝐚̀ 𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐞𝐫 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞. Nous avons besoin d’une concertation qui rassemble les partis politiques, les acteurs économiques, les syndicats de travailleurs, les organisations patronales, les associations, les représentants de la société civile, les leaders religieux, communautaires et traditionnels, les leaders d’opinion… 𝐜𝐞 𝐫𝐚𝐬𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐥𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐧𝐞́𝐜𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢𝐫𝐞. Dans l’impasse politique où nous nous trouvons désormais, il devient urgent de réunir et d’associer ces forces vives maliennes de manière à ce que chacun dise ce qu’il peut faire avec ce qu’il sait faire.

𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐠𝐚𝐠𝐧𝐞𝐫𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐚̀ 𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨�� 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 :

• 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮’𝐚̀ 𝐥’𝐡𝐞𝐮𝐫𝐞 𝐨𝐮̀ 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐨𝐧𝐬, 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐡𝐞́𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐥𝐨𝐪𝐮𝐞. La résurgence de conflits armés entre nous, Maliens et Maliennes, met en péril notre avenir en tant que Nation, en tant que peuple, un et indivisible. Et dans l’immédiat aggrave l’insécurité, les difficultés économiques, les difficultés sociales…tous ces problèmes auxquels nos concitoyens sont confrontés.

• 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚̀ 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐥’𝐚𝐯𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞́𝐜𝐢𝐝𝐞́ 𝐚̀ 𝐥’𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥. 𝐎𝐫, 𝐜𝐞 𝐫𝐞𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐧𝐨𝐫𝐦𝐚𝐥𝐞 𝐢𝐦𝐩𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐝𝐞̀𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐜𝐥𝐞́𝐬 du Mali et de sa diaspora dans la définition de la politique du pays.

• 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐞́𝐧𝐨𝐫𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐢𝐬 𝐚𝐮𝐱𝐪𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐥𝐞 𝐌𝐚𝐥𝐢 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐟𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐝’𝐡𝐮𝐢 𝐫𝐞𝐥𝐞̀𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐥𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐬𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐥𝐥𝐞𝐬. Considérer que seules les autorités ont la charge de dégager les obstacles qui entravent notre chemin, serait une erreur fatale pour tous. Dans notre patrie, il n’y a pas les uns d’un côté et les autres de l’autre.

• 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮’𝐞𝐧𝐟𝐢𝐧, 𝐥’𝐮𝐧𝐢𝐨𝐧 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞. Chaque Malien a besoin de tous les autres et le Mali a besoin de tous ses enfants. C’est de l’entraide, de la coopération, de la solidarité que viendra notre salut.

𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞𝐫 𝐧𝐨𝐧 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐭𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐝𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐞́𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐲𝐬. Car, contrairement au patient qui attend qu’un remède arrive, un docteur est d’abord un poseur de questions qui cherche des éléments de réponse à la question de savoir si et comment soigner. Nous rapprocher les uns des autres, c’est 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐞𝐫 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐢𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐭 𝐥’𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐜𝐮𝐧 𝐚𝐟𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐜𝐞𝐫𝐭𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚̀ 𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝𝐞𝐫 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐛𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐢𝐝𝐞𝐫 𝐚̀ 𝐟𝐢𝐱��𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐩𝐬 𝐝’𝐢𝐜𝐢 𝐚𝐮 𝐫𝐞𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥’𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥.

Gouvernants du Mali, appelez à la concertation nationale avec les forces vives du pays, Organisons-la ensemble pour que vive le Mali.