Après l’expiration du délai de la Transition, plusieurs partis politiques sont sortis de leur silence pour appeler au retour à l’ordre constitutionnel.
Dans une déclaration, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) a rappelé que le mardi 26 mars 2024 marque juridiquement la fin de la Transition politique. Selon le parti de feu le président Ibrahim Boubacar Keïta, la durée avait initialement été fixée à 18 mois. « Le non-respect de cette échéance nous avait valu des sanctions économiques et financières de la Cedeao et de l’Uemoa », a souligné le RPM. Avant d’ajouter qu’une deuxième phase avait été fixée à 24 mois pour compter du 25 mars 2022 par le décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022. Selon le parti, le 25 septembre 2023, le gouvernement a annoncé sa décision d’organiser exclusivement l’élection présidentielle pour sortir de la Transition avec un léger report pour des raisons techniques. Le RPM estime que six après après cette annonce et à la veille de l’échéance juridiquement actée, les contraintes techniques précédemment évoquées par les autorités de la Transition ont toutes été levées.
Le RPM fidèle aux principes de la République et aux valeurs démocratiques chèrement acquises depuis la révolution de mars 91 appelle les autorités de la Transition au respect des engagements souverainement pris devant la communauté internationale. Le parti en appelle à la responsabilité du président de la Transition pour mettre en place de toute urgence, un nouveau mécanisme transitionnel pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de six mois.
Le M5-RFP Malikura et le parti Yèlèma, dans un communiqué conjoint ont alerté l’opinion publique nationale sur les conséquences du non-respect des engagements pris dans le cadre du délai de la Transition fixé sans contrainte et sans consultation aucune, par les autorités. Les deux entités politiques rappellent que le délai supplémentaire de deux ans qui vient d’expirer ce 26 mars 2024 avait été fixé unilatéralement par le décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022. Le M5-RFP Malikura et le parti Yèlèma rappellent aussi que c’est la seconde fois que le président de la Transition et son gouvernement sont à défaut du respect de leur engagement relatif à l’organisation d’élections crédibles devant mettre fin à la transition. Les deux entités politiques recommandent en urgence, une concertation avec les responsables des forces vives nationales, de redéfinir le contour et les objectifs et identifier les acteurs d’une nouvelle transition courte.
Dans la même logique, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a, dans un communiqué à l’occasion du 26 mars, encouragé les autorités de la Transition à instaurer un climat politique et social apaisé, prélude au retour à la normalité constitutionnelle. Dans cette optique et au vu de l’expiration du délai du 26 mars 2024 fixant la fin de la Transition conformément au décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022, le Parena exhorte les autorités à fixer de manière consensuelle, un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel par des élections libres, transparentes et crédibles, de créer les conditions de la confiance et de l’union sacrée autour du Mali et des forces de défense et de sécurité pour faire face aux menaces et défis qui assaillent le pays, de libérer les prisonniers d’opinion. Mais aussi de permettre le retour des exilés politiques, d’arrêter le cycle de dissolution des associations et partis, de cesser les interpellations pour délits d’opinion et de consolider l’Etat de droit et le cadre démocratique et républicain.
Nouvelle transition
La Ligue démocratique pour le changement (LDC) est allée plus loin en notant l’envie de s’éterniser au pouvoir de l’exécutif de la Transition. D’où le manque de volonté d’organiser des élections libres et transparentes pour mettre fin à la Transition. La LDC appelle à la mise en place d’une nouvelle transition avec de nouveaux acteurs. Cette nouvelle Transition aura pour mission d’organiser dans les meilleurs délais, le retour à l’ordre constitutionnel.
Le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) a également profité d’une déclaration rendue publique à l’occasion de la commémoration du 26 mars pour se prononcer sur le délai de la Transition. Le parti des héritiers de feu Amadou Toumani Touré, au terme d’une analyse sans complaisance de la vie politique, économique et sociale du pays, exprime ses vives inquiétudes et son manque de lisibilité face à la trajectoire actuelle de la Transition. Après un léger report des élections présidentielles, le PDES constate dix mois après qu’aucun calendrier officiel n’a été communiqué à cet effet. Le parti rappelle que conformément au décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022, le 26 mars 2024 marque juridiquement la fin de la Transition. C’est pourquoi, il exhorte les plus hautes autorités à sortir du silence et à œuvrer pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel normal.
Pour sa part, l’Adema-Pasj, dans un communiqué dit constater avec regret que la transition dont la durée avait été établie à 24 mois à partir du 25 mars 2022 a pris fin le mardi 26 mars 2024. En conséquence, le parti lance un appel aux autorités afin d’accélérer le processus devant conduire à la tenue de l’élection présidentielle qui mettra fin à la Transition dans le cadre d’un véritable dialogue politique, en vue de parvenir à un compromis réaliste. L’Adema-Pasj estime que le silence prolongé des autorités de la Transition sur le chronogramme électoral suite au « léger report » de la date des élections ne participe nullement à l’apaisement du climat socio-politique, ni à la consolidation de la cohésion sociale chers à tous les Maliens démocrates et républicains. Le parti invite les autorités à ne pas laisser perdurer le vide juridique dans lequel la fin de la Transition annoncée pour le 26 mars 2024 installe le pays et ses institutions.
Abdoul Sanogo