Le Premier ministre burkinabè Albert Ouédraogo a déclaré mardi soir que le Burkina Faso se réservait le droit de diversifier ses partenariats, quitte à froisser les partenaires historiques comme la France. Pour lui, il y a des questions à se poser sur le partenariat avec l’ancienne puissance coloniale.
Six mois après sa prise de fonction à la tête du gouvernement de transition, Albert Ouédraogo s’est exprimé à la télévision publique du Burkina Faso sur la situation sécuritaire, la conduite de la transition et la coopération internationale. « Je pense qu’effectivement, il y a des questions à se poser. On comprend les revendications parce que la France, c’est vrai est le partenaire historique, c’est le premier partenaire, même en termes de chiffres. Mais il faut également dire que (ce qu’un devancier a dit) l’aide doit aider à assassiner l’aide », a affirmé le Premier ministre burkinabè.
Selon Albert Ouédraogo, si depuis des années, cette coopération n’a pas permis d’assassiner l’aide, il faut se poser des questions. « Je suis tout à fait d’accord qu’aujourd’hui, il faut revoir. Nous, en tant que dirigeants, nous ne pouvons pas continuer à rester sourds, à rester insensibles à ces revendications, parce que nous avons des composantes importantes de notre peuple qui le réclament….», a-t-il insisté.
Pour le Premier ministre burkinabè, il n’y a aucun problème entre les peuples burkinabè et français. Selon lui, la preuve est que « nous avons des populations burkinabè qui vivent en France et des citoyens français qui vivent ici ». Mais le problème se pose en termes de politique et de relations de coopération entre les gouvernements.
Albert Ouédraogo est également revenu sur les propos tenus le 14 juillet dernier par l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, qui avaient été jugés « injurieux » par certains internautes burkinabè. Le diplomate français avait également qualifié la situation sécuritaire du Burkina Faso de « guerre civile ». Selon le chef du gouvernement burkinabè, son pays est engagé dans un esprit de diversification de ses partenariats dans ce contexte de lutte contre le terrorisme.
« La diversification des partenariats repose sur plusieurs principes. D’abord le principe de liberté. Pour nous, c’est aller vers le partenaire qui nous arrange, quitte à froisser des partenaires historiques. Si certains partenaires ne sont pas contents du fait que nous allons avec d’autres, ce sera à notre corps défendant que nous allons rompre notre partenariat avec eux », a fait savoir le Premier ministre. Soutenant que cette diversité est fondée sur le principe de la sincérité. Et qu’il faudra que « ce soient des partenaires sincères qui veulent effectivement nous aider pour aller dans une logique de partenariat gagnant-gagnant ».
Sur le plan militaire, Albert Ouédraogo a expliqué que le partenariat doit être fondé sur le principe de l’indépendance territoriale. « Dans cette logique de partenariat, il n’est pas question pour nous que des troupes étrangères viennent mener le combat que nous menons à l’heure actuelle à la place des forces de défense et de sécurité », a-t-il indiqué. Et de souligner que pour l’optimisation des partenaires, compte tenu de la complexité de la menace « nous avons des partenaires qui sont spécialisés dans les questions de formation, d’autres dans le renseignement, et des équipements. Il s’agit donc pour nous d’optimiser les atouts de chaque partenaire ».
En tout état de cause, dira-t-il, ce qui est extrêmement important est que « nous puissions compter sur nos propres forces, sur la capacité d’une construction endogène de résilience et de résistance ».
S. Sidibé