Après plus de 8 ans de présence militaire française sans résultats palpables, les autorités de la Transition ont exprimé leur intention de diversifier leurs partenaires dans la lutte contre le terrorisme. Cette annonce suivie de rumeurs sur un éventuel accord avec la société russe Wagner a fait paniquer la France qui, après des menaces, a engagé une campagne de dénigrement qui ne dit pas son nom contre le Mali.
Depuis la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, la France n’a cessé de menacer les nouvelles autorités d’un possible départ de ces troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme. Elle a durcit le ton et même annoncé la fin de l’opération Barkhane après la démission du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane. Face à ces agissements du gouvernement français, les nouvelles autorités de la Transition ont décidé de diversifier leurs partenaires dans la lutte contre le terrorisme. L’annonce a été faite à Bamako et même à la Tribune des Nations unies par le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga. Ce qui a mis Paris dans tous ses Etats. Sous la panique et après que ses menaces aient été sans effets, le gouvernement français a dépêché la ministre des Armées à Bamako. Après une rencontre avec son homologue Sadio Camara, Florence Parly a déclaré que la France ne va pas quitter le Mali. Malgré cette annonce, les autorités maliennes ont poursuivi le partenariat qu’elles avaient déjà entamé avec la Russie. Lequel partenariat a déjà produit des effets avec la réception de quatre hélicoptères de combat plus une importante quantité d’armes et des munitions.
Comme les menaces n’ont pas produit d’effets, la France s’est lancée dans une campagne de dénigrement qui ne dit pas son nom contre les institutions de la République du Mali.
Panique totale en France
Qu’est-ce qui explique donc tous ces agissements de la France après l’annonce des autorités maliennes de diversifier leurs partenaires ? Sur la question, Dr Aly Tounkara, Directeur du Centre des Etudes Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S) livre son analyse. Selon lui, l’attitude angoissée de la France à l’annonce d’un éventuel accord entre le gouvernement du Mali et le groupe privé de securité russe Wagner est compréhensible. Pour le chercheur, une fois que la signature venait à être effective, trois éléments sont à mettre en relief. Le premier élément est que clairement, le plan qu’a la France dans le Sahel en termes de lutte contre les groupes radicaux violents, de préservation des intérêts des industries ou entreprises françaises, de lutte contre la migration clandestine en passant par son positionnement à l’échelle internationale, serait contesté avec la venue de ce groupe privé. Pour Dr Tounkara, la France ne peut pas rester indifférente à une telle annonce. Ce qui expliquerait pourquoi, elle anticiperait avant une éventuelle signature. Le spécialiste des questions de securité souligne aussi que depuis l’annonce du président Macron par rapport à une restructuration de la présence militaire française sans impliquer réellement les pays du Sahel dont le Mali, cela a clairement suscité une envie auprès de l’élite militaire malienne non seulement de multiplier les partenariats avec d’autres puissances militaires. Mais aussi, de se prémunir d’éventuels vides sécuritaires qui seraient laissés par la France avec un départ prématuré. « Ce sont ces raisons, entre autres, qui font que l’élite militaire malienne aujourd’hui a la ferme conviction qu’on ne peut plus compter sur la France. Même si elle reste, elle ne peut pas changer son orientation », analyse Dr Aly Tounkara. Le chercheur pense également que la France accepterait difficilement qu’il y ait un commandement commun avec le Mali pour traquer les groupes radicaux violents. D’après lui, ce pays accepterait difficilement de se soumettre au dictat de l’état-major malien. « Ce sont ces tares que l’élite militaire malienne observe impuissamment vis-à-vis de la France qui l’amèneraient à aller vers ce groupe privé de securité », souligne Dr Tounkara. Pour lui, en cas de signature, à coup sûr, l’état-major du Mali pourrait compter sur la soumission de ce groupe à ses ordres. « Ce groupe va clairement opérer sous les ordres du commandement malien et n’aura pas un autre agenda différent de celui du Mali parce qu’il va évoluer sous le dictat des autorités maliennes », a indiqué le spécialiste, précisant que ce que les autorités militaires maliennes voudraient aujourd’hui, c’est avoir un partenaire avec qui les horizons seront définis de concert, les missions à accomplir arrêtées de concert, les finalités et les victoires remportées communes au Mali et à ce partenaire. Pour Dr Aly Tounkara, ce sont toutes ces raisons qui font qu’aujourd’hui, Paris se voit très menacé par Bamako. Et c’est la raison de tous ces bruits diplomatiques sur la question.
La Nouvelle Voie du Mali